Photo : M. Hacène De notre envoyée spéciale à Béjaïa Wafia Sifouane Pour le 3ème jour du festival international de Béjaïa, la troupe nationale du théâtre de Guinée a présenté sur les planches du TRB Abdelmalek Bouguermouh sa dernière production adaptée de la pièce théâtrale «l'anniversaire» du dramaturge et auteur britannique Harold Pinter et mise en scène par Ibrahim Sory Tounkara. Comme à l'accoutumée, et depuis le début de la manifestation, la salle a enregistré un grand taux d'affluence de la part des habitants de la région qui sont très enthousiastes à l'idée d'être les hôtes d'un événement international.D'ailleurs, dès que le son de la cloche annonçant le début de la pièce retentit au sein du TRB, une véritable marée humaine s'est déversée sur la salle envahissant ainsi les moindres recoins d'où visionner la scène est possible.Le rideau se lève découvrant un décor peu commun. Une table, trois chaises y sont rangées et un tas d'habits qui traîne sur le meuble. Les comédiens font leur entrée un par un. Chacun y prend un vêtement puis disparaît, la lumière s'éteint à nouveau. Peter Bolls est un vieil homme qui vit seul avec sa femme. Mme Bolls est un personnage un peu loufoque. Sénile mais surtout attendrissante, elle s'occupe tant bien que mal du seul et unique client de la pension familiale qu'elle gère avec son époux. Il s'agit de Stanly Weber, un jeune musicien devenu dépressif au point de s'enfermer durant une année chez les Bolls. Refusant de se laver et se laissant aller à l'extrême, Stan est en pleine dépression nerveuse mais cela ne semble guère déranger ses hôtes. M. Bolls, à son retour, annonce à sa femme l'arrivée de deux nouveaux clients pour leur pension. Mme est aux anges, sa pension est enfin reconnue et commence à attirer des visiteurs. C'est le jour de l'anniversaire de Stan ainsi que celui de l'arrivée des deux étrangers. Mme Bolls qui est une femme très attentionnée décide de faire la fête et offre un tambour à Stany comme elle le surnomme tendrement. Les deux nouveaux clients sont également de la partie, mais ces deux hommes sont là pour une mission bien précise, celle de récupérer Stan et le réintégrer au sein de l'organisation secrète qu'il a quittée. L'ancienne appartenance de Stan n'est pas connue des Bolls, d'ailleurs c'est pour cela qu'à la vue des deux hommes, Stan qui est simple pensionnaire pique une crise de nerfs et tente de les renvoyer dans un autre foyer.Appartenant au genre du théâtre de la menace, la pièce jouée à huis clos a su développer des messages forts à travers des situations banales. Très riche en dialogues, la pièce a cependant souffert d'absence de silence : pas une seconde sans entendre un mot ou un simple rire des comédiens. Un choix apparemment ironique vu que M. Bolls déclarait avec humour à sa femme que «dans le théâtre, les gens parlent» suivi d'un geste de bavardage fait avec les mains. Comme dans chaque théâtre africain, le rituel est également présent sur les planches à travers la scène de purification de Stan de la part des deux visiteurs. Hélas, ce tableau a plutôt viré vers le grotesque et la bouffonnerie à cause du sur jeu des comédiens sauf au cas où cela aurait été voulu par le metteur en scène. Par ailleurs, on notera que la durée de la pièce 1h30 mn a aussi desservi l'œuvre narrative faite d'une succession de dialogues. Considérée comme la doyenne des troupes théâtrales en Guinée, la troupe a effectué ses débuts en compagnie de l'illustre dramaturge Ahmed Tidjani Cissé dont elle a joué l'une des pièces «au nom du peuple», le 1er spectacle de la troupe.