Ali Brahimi n'a pas vu des prémices du changement en dépit des réformes annoncées. Des représentants de la société civile, du Cnes et de la classe politique, des intellectuels et des journalistes ont débattu jeudi dernier des réformes politiques annoncées par le président de la République. Sans complaisance, les avis ont divergé sur ces réformes mais les débats étaient constructifs et de nombreuses appréciations ont été apportées à ce chantier immense de la République. Pour le président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (Laddh), Mustapha Bouchachi, «les réformes politiques annoncées par le président de la République, le 15 avril dernier nécessitent encore plus d'efforts pour qu'elles répondent aux aspirations démocratiques des populations». Ainsi, le défenseur des droits de l'homme a soutenu que les réformes que veulent faire passer les autorités du pays pour des changements majeurs sont loin de constituer un pas en avant dans la construction démocratique de l'Etat. Me Bouchachi considère que les espoirs de la société civile et de la classe politique rêvant de voir de sérieuses réformes traduisant les revendications profondes du peuple risquent de s'évaporer. En d'autres termes, il a regretté que les nouveaux textes de loi proposés à l'Assemblée populaire nationale confirment, en vérité, la volonté du régime à maintenir le statu quo institutionnel. Très critique Me Mustapha Bouchachi a déclaré que «l'Algérie aurait pu être, 50 ans après son indépendance, un exemple de démocratie aussi bien au plan régional qu'international, sachant qu'elle jouit de ressources humaines et naturelles en mesure de la booster au rang des grandes nations». Sans l'intention de faire porter la responsabilité de l'échec du développement et du changement démocratique uniquement aux hautes autorités du pays, le conférencier s'en est pris également à la société civile qui, selon lui, est aussi responsable et comptable devant l'Histoire. «Il ne faut pas seulement responsabiliser l'Etat quant aux échec, enregistrés, depuis l'ouverture politique à ce jour. Mais il faut aussi se poser la question à nous-même: Qu'avons-nous fait pour changer le cours de notre Histoire et asseoir une démocratie, où chacun trouve son compte?», s'est-il interrogé. «Le changement doit être provoqué et mené par la société», a-t-il soutenu, catégorique. Pour sa part, le député Ali Brahimi n'a pas vu de prémices de changement en dépit des réformes annoncées. Selon lui, outre les manoeuvres dilatoires qui en ont relégué l'examen des réformes politiques à la fin de la session d'automne de l'APN, le texte sur les partis politiques impose pour la création de toute nouvelle formation un échéancier légal qui sauvegarde la configuration politico-institutionnelle actuelle pour cinq autres années. «La réforme politique est une dynamique globale autrement plus fertile. Elle suppose la mise en place des conditions d'une vie politique citoyenne et donc le rétablissement préalable des libertés individuelles et collectives arbitrairement soumises à un état d'urgence de fait», a-t-il précisé. Abondant dans le même contexte, Amar Belhimeur, membre du Conseil national économique et social (Cnes), a, quant à lui, fait savoir qu'«aucune des recommandations du Cnes arrêtées lors des états généraux, de la société civile, tenus les 12, 13 et 14 juin dernier, n'ont été pris en considération dans le cadre des réformes proposées par les autorités du pays». Et d'ajouter, avec regret, que même les propositions faites à la Commission des réformes de Ben Salah, chargée par le président de la République de cueillir les propositions de la société civile et politique, ont été laissées en marge. D'où, selon lui, le régime veut juste à travers ses réformes lancées, tambour battant, préserver et maintenir le statu quo institutionnel. S'agissant de l'amendement du projet de loi portant la profession d'avocat, Me Nourdine Benisaâd, vice-président de la Lddh a relevé, pour sa part, que «toutes les dispositions contenues dans le nouveau projet de loi portent atteinte aux droits de la défense et aux libertés consacrées par la Constitution et les conventions internationales relatives aux droits de l'homme».