Le chef de l'Etat entend donner plus de crédibilité et de légitimité aux réformes engagées. «Le Président Bouteflika a formulé son désir de faire participer des observateurs internationaux lors des prochaines élections législatives». C'est ce qu'a révélé Mme Tokia Saïfi, membre de la délégation de parlementaires européens, lors d'un point de presse animé hier à Alger. Mme Saïfi a affirmé que cette information a été confirmée par de hauts dirigeants du pays à l'image du Premier, ministre Ahmed Ouyahia, les présidents des deux chambres du Parlement, ainsi que le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci. «Nous n'avons pas rencontré le Président Bouteflika, mais linformation nous l'avons entendue de la bouche du Premier ministre, des présidents de chambre ainsi que du ministre Mourad Meldeci», a-t-elle expliqué. Et de témoigner que le chef de l'Etat aurait exprimé cette même volonté lors de l'audience qu'il a accordée, en mai dernier, au commissaire européen chargé de l'Elargissement et de la Politique de voisinage, Stefan Füle. Toutefois, l'Algérie n'a formulé, présentement, aucune demande officielle. Selon la même source, la demande pourrait intervenir après l'installation de la commission nationale chargée de la surveillance du scrutin. Le gouvernement algérien songe à consulter les partis politiques sur cette démarche avant de formuler la demande officielle, ajoute-t-elle. Et de préciser que la délégation européenne qui a séjourné du 2 au 5 novembre en Algérie a réitéré la demande quant à la présence d'observateurs européens aux prochaines élections législatives prévues au premier semestre de l'année prochaine. Pour la députée européenne, la présence des observateurs européens ne sera pas une occasion pour cautionner un scrutin qui ne serait pas transparent. «Nous souhaitons qu'une commission d'observateurs professionnels constitués d'experts, soit en Algérie un mois avant le scrutin pour permettre à ses membres de suivre le déroulement de la campagne électorale, de suivre le processus électoral dans sa totalité. Nous n'enverrons pas quatre observateurs à la veille des élections pour cautionner le scrutin», a-t-elle précisé. Et d'enchaîner que le gouvernement algérien «a tout intérêt à accepter» la présence des observateurs internationaux afin de donner plus de crédit et de légitimité aux réformes engagées par le président de la République dans un climat caractérisé par les grands changements secouant quelques pays du Monde arabe. Sur le Printemps arabe, elle affirme que l'histoire de l'Algérie est bien différente de celle de l'Egypte, de la Tunisie, de la Libye et autres pays du Printemps arabe. «Les dirigeants algériens et la société civile nous ont fait comprendre que l'histoire de l'Algérie est différente de celles des autres pays arabes», a-t-elle expliqué. A une question sur les réformes politiques décidées par le chef de l'Etat, Pier Antonio Panzeri, président de la délégation, s'est félicité au même titre d'ailleurs que les autres membres, de l'adoption de la loi portant la représentativité de la femme dans les Assemblées élues. Et d'espérer que cette disposition soit rendue réalisable pour changer la vie politique de la femme en Algérie. «Nous sommes très intéressés par ces réformes et nous encourageons ce processus afin d'arriver à les appliquer de la façon la plus sérieuse», a-t-il souhaité. M.Panzeri a indiqué avoir abordé avec les responsables algériens quelques volets relatifs à la consolidation des rapports parlementaires entre l'UE et l'Algérie. Il a révélé dans ce sens, l'installation d'une délégation permanente de parlementaires européens au Parlement algérien. Il a affirmé également avoir longuement discuté avec les dirigeants algériens et la société civile du processus des réformes. «Ce processus en cours de consolidation devra témoigner de l'ouverture démocratique en Algérie et je tiens à exprimer notre soutien à ces réformes», a-t-il dit Et d'indiquer avoir décelé chez les autorités algériennes une «détermination» à mener à «bon terme» ces réformes. L'autre point abordé entre les deux parties est relatif à la mise en oeuvre «réelle» des accords d'associations. Sur ce point, il affirme que l'UE révisera sa politique de voisinage envers ses partenaires maghrébins et notamment l'Algérie. La semaine prochaine, une délégation algérienne discutera du sujet avec la commission européenne. La question relative au démantèlement tarifaire a fait l'objet de discussions, dévoile Pier Antonio Panzeri. Quant à la lutte antiterroriste, la même source affirme que l'UE partage les inquiétudes de l'Algérie quant à la circulation des armes en Libye et notamment l'approvisionnement - en armes libyennes - des groupes armés activant dans la région du Sahel.