Les turbulences politiques de ces jours-ci sont annonciatrices de changements profonds dans la configuration de la scène politique nationale. Plusieurs indices portent à le croire. Et la crise entre les éditeurs privés et les imprimeries publiques ne serait finalement qu'un paravent pour un remaniement en règle de la vie politique, économique, sociale et médiatique, selon des sources concordantes. Cette crise entre les éditeurs et les pouvoirs publics fait suite à une série de scandales portés sur la scène publique par certains journaux. La coalition gouvernementale craque. Le FLN, qui détient 13 portefeuilles ministériels n'arrive plus à assumer son rôle sereinement au sein du gouvernement. Le MSP de Bouguerra Soltani ne croit plus à la sacralité de la politique participationniste édictée du temps du défunt cheikh Nahnah. Et la crise de Kabylie risque de révéler une grave crise de représentation politique de la population de cette région dans l'échiquier politique national une fois la plate-forme d'El-Kseur mise en oeuvre. Les six titres qui font l'objet de mesures de suspension considèrent qu'ils sont victimes d'une décision éminemment politique. Un observateur averti de la scène politique et médiatique a déclaré récemment que le tort de la presse indépendante est d'avoir provoqué des dysfonctionnements dans les sphères du pouvoir. A cela s'ajoutent les tiraillements entre partis et groupes d'intérêts au sujet de la présidentielle de 2004. Et c'est bien évidemment dans ce contexte très tendu que certains milieux intéressés ont fait appel à l'armée pour intervenir à nouveau dans les affaires politiques. La grande muette qui a fait le serment de ne plus se mêler de politique pourrait-elle continuer à faire la sourde oreille et laisser le régime républicain menacé à nouveau par la puissance de l'argent après la puissance destructrice du terrorisme. Des informations corroborées font état d'une intervention énergique de l'ANP, à travers un de ses officiers supérieurs les plus en vue pour rappeler les lignes rouges à ne pas dépasser. Une intervention certes qui va mettre la grande muette encore une fois mal à l'aise, mais elle serait rendue nécessaire et indispensable pour sauvegarder l'ordre républicain. Cette intervention rendue salutaire par les graves dérapages que connaît la crise au sein du FLN et ses incidences directes sur le bon déroulement de l'échéance présidentielle future, pourrait ressembler à celle connue en 1994 avec la conférence de dialogue national (CDN). Dans la foulée, on parle avec insistance d'un remaniement ministériel imminent. Certaines sources avancent la date de ce week-end pour ce changement tandis que d'autres parlent du 25 août. A voir l'appétit vorace affiché avant-hier par le porte-parole du RND, M.Miloud Chorfi, lorsqu'il a annoncé qu'aucun parti ne détient la majorité actuellement, il suggère que le RND se prépare à pallier le retrait du FLN du gouvernement d'Ahmed Ouyahia. La question qui se pose est celle de savoir si le retrait du FLN du gouvernement ne sera pas suivi d'un retrait des assemblées élues (APN, APW et APC). Le cas échéant, la dissolution des Assemblées serait inévitable. Ce scénario ne serait pas qu'une simple vue de l'esprit.