Finalement, les imprimeries publiques ne seront pas privatisées. La décision a été prise par le CPE qui a opté pour leur transfert sous la tutelle du ministère de la Communication. Inscrites sur la liste du MPPI des entreprises privatisables, les EPE relevant de la SGP presse et communication (ATC), mais aucun feu vert n'a été donné pour l'opération de leur cession. Juste retour à la normale, puisque la presse publique a eu à connaître plusieurs tutelles et des réorganisations sans que cela lui imprime le profond changement attendu mêlant à chaque fois ses missions politiques avec des objectifs économiques. Il y eut les titres dotés d'imprimeries, puis l'autonomie et on est revenu à un ensemble appelé groupe presse. Finalement, le groupe est mis sous la tutelle d'une SGP qui en exerce le contrôle. Autrement dit, le groupe a pris la forme d'une entreprise à caractère économique. Par la décision de le mettre sous la tutelle du ministère de la Communication, donc une tutelle politique, la dimension économique du groupe est évacuée pour mettre en avant les objectifs politiques des EPE presse et communication. C'est en quelque sorte l'Etat qui reprend en main sa presse et ses imprimeries dont il a toujours été propriétaire avant de déléguer leur gestion à la SGP. Et de là, renforce le ministère de la Communication qui recouvre ainsi son droit perdu sur le secteur de la communication publique. C'est le département de M. Boukerzaza qui va donc directement gérer les imprimeries de l'Etat. Une nouvelle qui peut être bonne pour la presse publique dont la survie dépend des aides du gouvernement y compris par le biais de ses rotatives. Mais cette exonération de l'obligation de résultats économiques sera certainement soumise à des conditionnalités politiques comme contrepartie d'une restructuration et d'un assainissement financier. Et une réorganisation des titres publics. C'est du moins cette volonté qui transparaît dans cette inattendue décision du CPE. Mais le ministère va-t-il entreprendre cette réorganisation pour assainir la presse et revenir comme au début des années 1990 et doter le secteur d'une nouvelle réglementation ? Probablement. Cela d'autant que le ministère de la Communication a initié le nouveau statut du journaliste qui peut être un prélude à cette entreprise. Au plan politique, et au-delà de la répercussion positive de l'image de l'Algérie, du gouvernement, les titres publics, à quelques encablures de la présidentielle, et la campagne actuelle pour la révision de la Constitution pour offrir la possibilité d'un troisième mandat au président Bouteflika, pourraient être de la partie pour appuyer et accompagner l'option et la faire bénéficier d'une large promotion pour une adhésion populaire au projet. Il faut dire également que la situation des imprimeries n'est pas reluisante avec des créances dont le recouvrement a souvent obéi à des considérations politiques du moment même si celles-ci semblent avoir diminué après la conclusion de formules de payement échelonnés, ces dernières années. Les titres publics, malgré les moyens mis à leur disposition, ont enregistré un net recul par rapport à ceux du privé. Ce qui s'est répercuté négativement sur le discours officiel. Le rétrécissement de son lectorat et les restrictions publicitaires (ils bénéficient de la pub publique, mais pas privée) et thématiques ont fini par donner d'eux une image de presse molle, inoffensive, au commentaire mielleux, à la “tout va bien”. Sa restructuration — encore une autre — s'avère nécessaire. Ce à quoi semble s'attacher le gouvernement. Djilali B.