Habitués au parler direct des dirigeants de ce parti, les observateurs sont déroutés. Malgré les indices sérieux perçus récemment au sein de la population de la Kabylie et de nombreux délégués du mouvement des ârchs en faveur d'une solution politique pacifique à la crise, le Front des forces socialistes (FFS), fer de lance de l'opposition politique en Algérie, continue à semer le doute sur la réelle volonté du pouvoir et des ârchs à aller vers une solution définitive. Le premier secrétaire du FFS, M.Djoudi Mammeri a réitéré, hier encore, les préalables de son parti pour régler le conflit. Pourtant, ces revendications sont aussi celles du mouvement citoyen et de la population tout entière. Bien mieux encore des militants du FFS ont oeuvré et continuent à oeuvrer sur le terrain, pour une solution pacifique. Est-ce à dire alors que les éléments du FFS, qui n'ont pas déserté le mouvement citoyen malgré l'instruction donnée par leur direction, ont eu raison de la direction sortante? Apparemment oui. En effet, en dépit du discours officiel qui continue à souligner la justesse de l'analyse ayant abouti à la participation du parti aux élections locales du 10 octobre 2002, le constat sur le terrain est très peu reluisant. Mais ce n'est pas aussi simple que cela. En politique, on dit souvent qu'«il n'y a pas pire stratégie que de changer de stratégie au dernier moment». Partant de là, le FFS serait-il convaincu aujourd'hui que le pire aura été justement d'avoir abandonné la stratégie d'endiguement du mouvement citoyen au profit de la position du wait and see dans laquelle il semble se complaire actuellement? C'est du moins cette impression qui se dégage du discours qu'a développé M.Mammeri. Comment pourrait-il en être autrement lorsque le responsable du plus vieux parti d'opposition balaie du revers de la main tous les efforts consentis par les sages de la région de Kabylie pour éviter le pourrissement? Si ce n'est dans le cadre strict des structures du parti. Le même responsable du FFS a parlé de «grande difficulté à faire passer les messages» dans la société. Habitués au parler direct des dirigeants du FFS, notamment Ahmed Djeddaï, il est vrai que les militants et les observateurs, attentifs au parti d'Aït Ahmed, sont déroutés. Et s'il ne s'agit pas là d'une remise en cause profonde qui s'opère au sein du parti. Celui qui ne connaît point ou superficiellement le FFS, serait désarçonné par la prestation de son premier secrétaire. Tandis que pour celui qui connaît les mécanismes et les rouages du parti et le niveau de conscience de ses militants, il ne fait aucun doute que la nomination récente de Djoudi Mammeri à ce poste ne serait qu'un paravent et une pause afin de lui donner le temps suffisant pour une nouvelle mouvance. Enfin, d'aucuns avancent aussi que la position troublante du FFS par rapport aux grandes questions de l'actualité nationale s'explique par le fait qu'une partie du mouvement des ârchs a été instrumentalisée pour le laminer dans la région. De ce fait, le parti ne se serait pas suffisamment remis de ces attaques et l'on a assistera, dans les prochains jours, à un redéploiement de cette formation politique dans le sens de plus d'ouverture sur les autres forces vives de la société algérienne.