Le Chef du gouvernement entame, à partir d'aujourd'hui, une tournée dans trois wilayas de l'Est: Constantine, Khenchela et enfin Oum El-Bouaghi. A la veille de la visite de M.Benflis, dans la ville des Ponts, l'ambiance par trop monotone, marquée par une inamovible quotidienneté, ne dénote point de l'imminence de cette visite. Il faut rappeler que le déplacement du Premier ministre à Constantine a été maintes fois reporté. Mais attention cela ne veut absolument pas dire que les citoyens de cette ville n'attendent plus rien du chef de l'Exécutif. Que ce soit pour l'habitat précaire, les bidonvilles, le chômage et l'investissement privé qui n'arrive pas à prendre un véritable démarrage, Benflis aura à répondre aux doléances et dossiers en instance. La région Est du pays a connu, ces derniers mois, plusieurs foyers de tension, suite à la fronde des citoyens qui se sentent de plus en plus délaissé par l'Etat et ses représentants locaux. La tournés de Benflis vise-t-elle, notamment, à rassurer ces citoyens et à «prévenir» des risques d'explosion sociale, alors que le discours officiel ne cesse de faire miroiter les dividendes du plan de relance économique? Pour Constantine, 960 milliards de centimes ont été alloués dans le cadre de ce plan. Reste à savoir quels seront les secteurs qui en profiteront. Au programme de la visite de Benflis à Constantine aujourd'hui, il y a bien le volet habitation avec la pose de la première pierre de 900 logements sociaux à la nouvelle ville Ali-Mendjeli, qui fait partie d'un programme de 1 500 logements, la visite de la cité des 1700 logements fraîchement réalisés à Bekir, ainsi qu'une visite du bidonville Polygone, site évacué, selon des sources officielles, et une autre visite au bidonville appelé «4 Km» (20 ha, 593 baraques, datant de 1947). Il n'en demeure pas moins que les problèmes liés au secteur de l'habitat et de l'urbanisme se posent de plus en plus avec une dramatique acuité. Le cas des habitations menaçant de s'effondrer dans la vieille ville et les risques toujours actualisés des glissements de terrain sont des exemples édifiants d'une généralisation de la précarité. Une situation douloureusement accentuée, après les dernières pluies du mois de septembre. Dans ce tableau mitigé, le projet, en cours de réalisation, de la nouvelle ville Ali-Mendjeli, semble être le point d'optimisme. Créé dans le cadre du PUD du groupement de Constantine, ce projet, qui s'étend sur 1 500 ha, s'articule autour de trois grands axes: l'habitat avec divers programmes totalisant 16.270 logements (5358 achevés, 10.102 en cours et 810 non encore lancés); l'équipement qui englobe des structures universitaires, scolaires, sanitaires, ainsi que des terrains de jeux, bâtiments administratifs dont une sûreté urbaine et une poste, le dernier axe porte sur des projets de viabilisation. Quant au volet proprement politique, a part le baptême des 1700 logements sociaux de Bekira en Cité El-Wiam (Cité de la Concorde), le programme de la visite ne mentionne aucune activité politique, type meeting, sauf si Benflis recourt aux raccourcis, genre prise de parole conjoncturelle à telle ou telle étape de la visite. Le reste demeure dans le cercle des supputations. En tout cas, il est probable que la visite de Benflis au lycée Hihi El-Mikki - où le Premier ministre a étudié - fasse basculer l'homme, sous l'effet des réminiscences, dans la zone franche des confidences. Pourquoi pas?