Après la décision controversée de suspendre six titres de la presse nationale, prise par des milieux proches du cercle présidentiel, nous avons pris attache avec quelques artistes pour connaître leur réaction. Mme Alloula, veuve de feu le grand artiste et homme de théâtre, Abdelkader Alloula, dira que «cette suspension était prévisible, avec tous les scandales qui ont été dénoncés par les journalistes, il fallait bien s'y attendre. Cependant, reste que les problèmes profonds ne sont pas soulevés, tels que le problème des victimes du terrorisme, la concorde civile, les exilés qui reviennent et prennent des postes de responsabilité pour ne citer que ceux-là.» Et d'enchaîner: «Vous savez, la presse, on la bâillonne et on la libère quand on veut.» Sid-Ali Dris, chanteur, chaâbi considère cette suspension comme «un crime contre la liberté d'expression. Déjà qu'on manque d'oxygène, aujourd'hui, suspendre des espaces de liberté, est inconcevable». Et de poursuivre: «Où est passée la liberté d'expression dont on se targuait tant?» Dalila Helilou comédienne sénatrice, dira à propos de cette sanction «arbitraire» dont fait l'objet la presse écrite: «Je suis d'accord pour qu'un journaliste donne son point de vue, mais à condition de respecter l'autre», estime-t-elle. «Je suis pour la démocratie et la liberté d'expression. Cependant, il existe des personnes qui ont pris ce pays de travers, cela dit, avec tout le respect que je dois aux journalistes, il y a une minorité qui casse tout. Abdelaziz Bouteflika est notre Président», faisant allusion au niveau intellectuelle de certains journalistes. Mme Helilou insinue implicitement que les journalistes algériens ignorent ce que signifie la démocratie. «Je pense que pour aller vers la démocratie, il faut être très cultivé». Bâaziz, chanteur anticonformiste, connu pour son franc-parler dénonce avec véhémence cette décision prise par les pouvoirs publics à l'encontre des journaux. «C'est extrêmement grave, la liberté d'expression est un acquis qu'on a eu et pour lequel nous avons combattu. Les gens ont payé un lourd tribut pour l'avoir. S'il faut marcher, on marchera.» Alors que la liberté d'expression est aujourd'hui menacée, il faut bien relever que les artistes demeurent dans l'expectative, hormis quelques-uns, oublieux que là où il n'y a pas de liberté, l'art ne peut s'exprimer.