Le parti et l'interwilayas du mouvement citoyen s'accusent mutuellement par le biais de déclarations, qui ne sont pas de nature à rassurer sur un quelconque retour à la normale. Comme appréhendé, la célébration du 47e anniversaire du Congrès de la Soummam s'est déroulée sur fond de divergences entre le FFS et l'interwilayas, principaux initiateurs des actions commémoratives allant jusqu'à donner lieu à des scènes de violence qui n'honorent guère leurs auteurs. Cette situation a, encore une fois, révélé au grand jour les rapports extrêmement tendus entre la formation d'Aït Ahmed et le mouvement citoyen. Les incidents, qui ont émaillé ces festivités, sont, on ne peut plus claires, autant de signes révélateurs d'une tension, qui est loin de s'estomper entre les deux protagonistes. Pourtant, la veille de la commémoration, et à la surprise générale, la visite du premier magistrat de la commune d'Ouzellaguen sur le site historique, n'avait donné lieu à aucune réaction des délégués. Ce qui laissait penser alors que les choses allaient relativement se dérouler le lendemain dans de bonnes conditions. Mais c'était compter sans la détermination de quelques individus, non sans lien avec les deux parties, pour semer encore une fois le doute et faire craindre le pire. Fort heureusement, la sagesse a prévalu pour l'honneur d'une population, qui voulait de tout sauf des incidents aussi graves dans une conjoncture de commémoration. Après la bataille sur le terrain, on assiste présentement à la guerre de communiqués. Le FFS et l'interwilayas du mouvement citoyen s'accusent mutuellement par le biais de déclarations, qui ne sont pas de nature à rassurer sur un quelconque retour à la normale et ressusciter l'espoir chez une population, visiblement désabusée par la tournure prise par les événements. Aux yeux des observateurs, la démobilisation qui a caractérisé les actions des uns et des autres en est l'élément essentiel. Il fallait coûte que coûte trouver un prétexte pour camoufler les échecs et par conséquent, trouver un bouc émissaire. Chaque partie trouve alors son compte en montrant du doigt accusateur son adversaire, même si du côté du FFS l'option de démarcation est privilégiée. C'est ainsi que l'interwilayas parle de «quelques personnes téléguidées et chauffées à blanc qui ont tenté de déstabiliser le rassemblement» et estime que «ces agissements confirment par l'acte, les incitations par déclarations interposées du FFS en collaboration avec les services du sinistre Zerhouni et son administration à saborder les festivités commémoratives de l'une des dates les plus marquantes de l'Algérie en guerre». Mais, note encore l'interwilayas, «la population d'Ouzellaguen n'est pas dupe. Elle a su reconnaître les siens en s'impliquant au côté des ârchs», avant de conclure par «une mise en garde à l'endroit du pouvoir et de ses alliés objectifs quant aux conséquences qui découleraient de ce genre de pratiques orchestrées à dessein». Chose que le FFS n'entend pas de la même oreille. Par la voix du fédéral de Béjaïa et en attendant le communiqué de son secrétariat national, «le FFS se démarque complètement de ces incidents». «Nous sommes loin, très loin de cette violence». A propos des accusations des ârchs, il répondra: «Nous avons l'habitude depuis 1962». Dans toute cette affaire, le RCD reste le seul gagnant. S'étant contenté du rôle d'observateur en s'interdisant la moindre action sur le terrain par rapport à l'événement, il n'a pas manqué, cependant, de s'impliquer par le biais d'une déclaration dans laquelle il s'en prend en des termes à peine voilés au FFS et tente par la même occasion de récupérer les dividendes en se présentant comme «le sauveur». «Il s'agit à l'évidence d'une agression préméditée et planifiée aux fins de taire la contestation en Kabylie», lit-on dans ce document élaboré par le bureau régional du RCD, qui déplore qu'«une date hautement symbolique de la libération ait servi de prétexte de règlements de comptes politiques dont le principal bénéficiaire sera le pouvoir». Avant de conclure que «quelles que soient les manoeuvres et les manipulations qui tentent de domestiquer la Kabylie et de réduire son potentiel de combat, les forces démocratiques de cette région sauront les mettre en échec».