Un groupe jusqu'alors inconnu a revendiqué l'opération kamikaze contre le QG onusien à Bagdad. Jeudi, trois jours après l'attentat suicide qui coûta la vie à Sergio Vieira de Mello, représentant spécial en Irak du secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, un groupe inconnu a revendiqué, dans un communiqué, selon la chaîne satellitaire Al Arabiya, la responsabilité de l'opération kamikaze. Se faisant appeler «l'Avant-garde armée de la Seconde armée de Mohamed» le groupe indique: «Nous, l'Avant-garde armée de la Seconde armée de Mohamed, revendiquons l'explosion qui a visé le bâtiment de l'ONU». Il a été impossible, indique-t-on hier, d'authentifier le communiqué, ni de vérifier l'existence du groupe qui ajoute par ailleurs: «Nous jurons devant Dieu de continuer à combattre tous les étrangers jusqu'à la victoire ou jusqu'au martyre, et nous ferons regretter aux Américains d'avoir occupé la terre de Mohamed». Depuis la chute du régime de Saddam Hussein, outre les mouvements directement liés à l'ancien dictateur et au parti Baâs, plusieurs groupes irakiens de «résistance» ont également revendiqué des opérations armées contre la coalition américano-britannique, rappelle-t-on. Il n'en reste pas moins que l'action contre la représentation de l'ONU à Bagdad donne une nouvelle dimension à la résistance à l'occupation et relance la crise irakienne, sans doute sur de nouvelles bases au vu du piétinement des Américains et de leur incapacité à remettre le pays en ordre, presque, cinq mois après la chute de Saddam Hussein. A-t-elle enseigne que la communauté internationale, notamment après l'assassinat de l'envoyé spécial onusien, Sergio Vieira de Mello et nombre de ses collaborateurs, le bilan de l'attentat s'établissait hier à 23 morts, deux disparus et une centaine de blessés, réclame avec insistance pour l'ONU un rôle plus en conformité avec les missions qui lui sont imparties, d'une part, que de l'impératif de «rapidement substituer à une logique d'occupation une logique de souveraineté» comme le déclarait hier le chef de la diplomatie française, Dominique de Villepin, d'autre part. Il devient évident, pour nombre d'analystes, que les Etats-Unis, qui n'ont abouti dans aucun de leurs projets pour l'Irak, ne sont pas près de passer la main et de laisser à l'ONU de prendre à son compte la reconstruction et le rétablissement de l'Irak dans son indépendance. Point de vue pas du tout partagé par les Etats-Unis qui, si effectivement cherchent à encourager d'autres pays à rejoindre la coalition américano-britannique, ne semblent pas, en revanche, vouloir céder sur l'occupation de l'Irak, dont ils se réservent le droit de disposer de son sort. Ainsi, Washington va proposer au Conseil de sécurité une nouvelle résolution «élargissant» le rôle de l'ONU en Irak, sans toutefois remettre en cause leur propre mainmise sur le pays. Aussi, selon le secrétaire d'Etat américain, Colin Powell, «la question de céder l'autorité (aux Nations unies) n'est pas une question qui se pose» avant d'ajouter: «L'ONU joue un rôle «vital» en Irak et devrait se concentrer sur la politique économique et sociale et l'aide humanitaire». Avis qui n'est pas partagé par l'ambassadeur français adjoint auprès de l'ONU, Michel Duclos, selon lequel «la France a estimé qu'il fallait réviser profondément la stratégie suivie jusqu'à présent» affirmant: «La transition doit être pilotée par les Irakiens eux-mêmes, avec l'assistance non des forces d'occupation, mais de la communauté internationale incarnée par les Nations unies». Le diplomate précise, sans doute à l'intention de son homologue américain, John Negroponte, qui demandait au Conseil de sécurité d'appuyer les Etats-Unis, que «partager le fardeau des responsabilités... signifie partager l'information et l'autorité». En effet, les Etats-Unis demandent à la communauté internationale de s'impliquer en Irak, non sous l'autorité de l'ONU, mais sous celle de Washington sans pour autant bénéficier de l'autorité et des informations adéquates pour ce faire. Ce que refuse la communauté internationale selon laquelle la mission d'autorité revenait au premier chef aux Nations unies. Notons, par ailleurs, l'annonce faite jeudi, par le commandement américain en Irak, de l'arrestation d'un cousin de Saddam Hussein, Ali Hassan Al-Majid, plus connu sous le nom d'Ali le Chimique, auquel est imputé le massacre de près de 5000 Kurdes en 1985 lors de la révolte de Halabja au Kurdistan irakien. Aucune précision n'a été donnée sur la date de cette arrestation.