Les auteurs de cet acte liberticide cherchent, coûte que coûte, à trouver des failles dans notre gestion. Le doute ne doit plus être permis pour personne. La suspension dont nous sommes victimes est bel et bien politique. Hier, une équipe d'inspecteurs de la Cnas (Caisse nationale d'assurances sociales) a fait une descente en nos locaux. Les agents, qui agissaient sur instruction du ministre du Travail, Tayeb Louh, ont épluché l'ensemble des dossiers des employés à la recherche de la moindre faille ou manquement à la législation du travail, notamment la loi 90-11. Cette visite, il faut le rappeler, intervient trois jours à peine après celle des inspecteurs du travail, venus eux aussi aux «nouvelles» et dépêchés par le même responsable en quête de «manquements» similaires, sinon plus graves. A la suite de cette première inspection, que nous savions être du harcèlement pur et simple, nous nous attendions bien à des visites issues de la même veine. Ces procédés, qui n'honorent en rien leurs auteurs, trahissent au contraire le désarroi des concepteurs du plan, portant suspension de six journaux parmi les plus importants titres de la presse nationale. La suspension, en effet, a été unanimement dénoncée par la classe politique, les syndicats, les organisations de masse et les associations patronales. Le pouvoir a essuyé un tir de barrage sans précédent qui lui a fait comprendre que les temps ont changé et qu'il n'était plus possible, et encore moins permis de suspendre des journaux, qui plus est, de large audience, sous de fallacieux prétextes. Les responsables des publications concernées ont réagi aux fins de tarir l'argumentaire des pouvoirs publics, s'exprimant par la voix des imprimeries d'Etat. Les responsables de cette cabale éhontée contre la presse privée qui ne marche pas au pas, ont dès lors cherché d'au-tres arguments ou tares, à l'appui de leur... absence totale de raisons économiques, liées à ces suspensions, comme il nous a été donné de le prouver dans de précédentes éditions. C'est dans ce cadre qu'entrent les «descentes» que nous subissons régulièrement de la part des agents de l'inspection du travail et de la Cnas. L'objectif étant de nous intimider, mais aussi d'essayer de trouver des «failles» à l'appui de la cabale déclenchée tous azimuts contre nous. Notre journal, pourtant, s'est toujours fait un point d'honneur d'être à jour de ses redevances sociales. Ahmed Fattani, qui vit au milieu de ses travailleurs et qui dispose de nombreux amis parmi eux, a réglé cette question dès les premiers jours de la création de son journal, ce qui constitue un véritable tour de force pour qui connaît les énormes difficultés financières et techniques liées au lancement d'un journal. Surtout dans un paysage médiatique surpeuplé, où les chances de s'imposer étaient minimes, n'étaient le professionnalisme et la rigueur de notre équipe, conduite par un des doyens de la presse nationale, directeur-fondateur de l'un des premiers journaux privés algériens, Liberté. Au lieu de s'en prendre à des intellectuels que l'appât du gain n'a jamais attiré, comme en témoignent leurs parcours respectifs, à commencer par celui de Ahmed Fattani lui-même. Les pouvoirs publics gagneraient à s'attaquer à la mafia «politico-financière» qui mine l'économie nationale et amasse des fortunes sur le dos du contribuable. La dernière loi sur le crédit et la monnaie en est une triste illustration. Le texte devant être mis en application par simple ordonnance sans passer par le Parlement, sans approbation donc de la souveraineté populaire, donne les coudées franches à cette faune de spéculateurs à travers un nombre effarant d'articles sur lesquels nous reviendrons en détail dans nos prochaines éditions. Partant de ce constat que n'importe quel observateur objectif peut étayer à l'aide de mille et un exemples nous ne pouvons que qualifier de «honteuse» l'odieuse pression dont nous sommes présentement l'objet au moment où un complot cousu de fil blanc vient d'être monté contre le directeur du journal Le Matin.