Cette commission pluripartite a six mois pour faire un diagnostic de la situation et suggérer des pistes de travail pour permettre au ministère du Travail de ne pas tomber dans “le trou de la sécu”. Après avoir généralisé la pratique des pharmaciens conventionnés, c'est au tour des médecins de subir la même procédure avec la Caisse nationale d'assurances sociales des travailleurs salariés (Cnas). Nous allons donc vers la généralisation de l'utilisation de la Carte Shifa. C'est en tout cas ce qu'a annoncé, hier, le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, M. Tayeb Louh à l'occasion de l'installation d'une commission de réflexion sur le financement de la sécurité sociale. Lors de son allocution d'ouverture, le ministre a assuré que “conformément aux réformes engagées et suivant les expériences menées dans les wilayas pilotes, l'opération de conventionnement des médecins sera lancée dans les deux prochains mois”. Il ajoutera que “d'ici 2012, nous généraliserons pour tous les assurés sociaux l'accès à la prestation du tiers payant. La Cnas, quant à elle, remboursera directement les structures sanitaires auprès desquelles les assurés sociaux accèdent aux soins ou aux médicaments”. Au sujet de la commission de réflexion, le ministre a insisté sur le fait que son installation était plus que nécessaire, elle qui se compose des représentants de toutes les parties concernées ainsi que d'experts dans différents domaines. Cette commission dira Tayeb Louh servira à réfléchir et à étudier le mode de financement actuel de la sécurité sociale, mais aussi de faire des propositions de réformes. “Vue les changements économiques et sociaux que connaît le pays et d'après l'évaluation annuelle du rapport entre les ressources et les dépenses de la CNAS, il s'avère nécessaire de revoir son mode de financement afin d'atteindre un équilibre entre ressources et dépenses”, a-t-il indiqué. Pour le ministre, la première réflexion à avoir afin de concrétiser les propositions de la commission est bien sûr de trouver de nouvelles sources de financements autres que les cotisations sociales. “Les dépenses de la sécurité sociale, notamment en termes de santé ont atteint en 2006 la bagatelle de 135,5 milliards de dinars dont 54 milliards rien que pour les médicaments. En 2007, ces mêmes dépenses ont coûté 60,6 milliards de dinars pour les caisses de la Cnas tandis que pour la Casnos, ces dépenses sont à hauteur de 3,9 milliards de dinars sachant que le nombre des bénéficiaires du tiers payant s'élève à 1 700 000”,a-t-il précisé. À cet effet et afin d'optimiser l'efficacité de cette commission, elle se compose de représentants des ministères du Travail, des Finances, de la Solidarité nationale mais aussi ceux du Cnes, de l'UGTA, du patronat, de la Cnas, de la Casnos, de la CNR, de la Cnac ainsi que trois experts du ministère de l'Enseignement supérieur et trois autres experts en gestion. Tayeb Louh précisera, en outre, que “l'accord constitutif de ladite commission permet de faire appel à tout autre expert en cas de besoin”, a-t-il indiqué. En outre, la commission dans le cadre de sa mission devra étudier le financement actuel ainsi que les domaines de dépenses de la sécurité sociale. Avant de livrer ses conclusions et propositions, la commission devra s'inspirer des différentes expériences à l'échelle internationale et ce, en ne dépassant pas un délai maximum de six mois. Par ailleurs, Tayeb Louh a assuré que cette réforme ne dérogera pas au principe de solidarité autrefois adopté. “À l'occasion de cette rencontre, je tiens à assurer que nous resterons fidèles au principe de la sécurité sociale basée sur la solidarité, mais aussi à un système des retraites basé sur la répartition”, insistera-t-il. Enfin, le ministre a annoncé que le projet de la politique de l'emploi a été achevé et sera présenté devant le Conseil des ministres avant 20 jours. “Notre nouvelle politique de l'emploi va de pair avec les réformes engagées et sera prochainement soumise au Conseil de gouvernement. Ses effets seront graduellement visibles dans un an, c'est-à-dire que les ressources de la Sécurité sociale augmenteront selon cette nouvelle politique qui sera globalement basée sur le secteur économique et plus fondamentalement sur, entre autres, la formation, la création d'activités, la levée des contraintes bancaires au financement des projets, la transparence de l'appareil de contrôle et surtout une profonde réforme de l'agence nationale de l'emploi”, a-t-il conclu. Amina Hadjiat