Décidément, la Caisse nationale d'assurances maladies (CNAS) ne semble, selon toute vraisemblance, pas disposer à prendre en charge les doléances et les ennuis auxquels font face ses assurés sociaux. En effet, depuis la découverte, par une équipe d'inspecteurs dépêchée d'Alger, au mois d'avril de l'année dernière, de nombreuses malversations et autres anomalies liées à la gestion de la formule dite du « tiers-payant », l'enquête a abouti, en premier lieu, à la suspension de nombreux cadres syndicaux et, ensuite, à la mise en cause de nombreuses officines pharmaceutiques et centres payeurs à travers la wilaya pour, finalement, aboutir à une plainte devant la justice. Malgré la venue à Oran de Tayeb Louh, ministre de tutelle, et du directeur général de la CNAS, les recommandations et les instructions données à cette occasion ont inspiré, malheureusement, une dynamique à effet inverse dans la gestion de cette structure. C'est ainsi que, sans aucun doute croyant bien faire, les responsables en charge de cette structure ont entamé, outre un lifting du siège d'Arzew, une mise à jour des fichiers informatiques pour, semble-t-il, débusquer les faux assurés sociaux. Par on ne sait quelle manipulation « magique », tous les assurés sociaux non inscrits initialement au centre payeur d'Arzew ont mystérieusement disparu du système informatique. Aucune trace d'eux ne subsiste et, depuis le mois de juin dernier, ils se retrouvent embarqués dans une spirale bureaucratique saugrenue. C'est ainsi que, depuis huit mois maintenant, les travailleurs du secteur de l'éducation de la daïra d'Arzew, soit 13 000 travailleurs, ne sont plus pris en charge par le centre payeur d'Arzew à cause d'une erreur informatique. Ni les travailleurs ni leurs ayants droit ne bénéficient des prestations légalement dévolues à tous les assurés sociaux. Les congés de maladies, les remboursements de frais médicaux et autres prestations s'accumulent sans que cela ne dérange personne, ce qui fera dire à une enseignante du moyen que « ce n'est ni plus ni moins que du mépris pour une corporation qui n'a jamais cessé de s'acquitter de ses cotisations mensuelles. » L'éducation en ébullition En tout état de cause, devant l'ampleur des retards accumulés et l'inertie des différents responsables, en amont et en aval, à résoudre le problème, les organisations syndicales activant dans le secteur ont décidé de recourir à des actions de protestation à partir de cette semaine. Une réunion regroupant les organisations syndicales et des enseignants s'est tenue mercredi dernier au lycée El Mahdi Bouabdelli d'Arzew. Devant une situation de blocage persistant, l'impuissance de la direction de l'éducation et la fin de non-recevoir de la CNAS, les travailleurs du secteur de l'éducation de la daïra d'Arzew ont décidé d'un arrêt des cours de 2 heures - de 8 h à 10 h -, dimanche, pour ensuite entamer d'autres actions de protestation la semaine prochaine. Ce cycle de protestation montera crescendo, pouvant atteindre, si les responsables persistent à faire fi des préoccupations des travailleurs, une grève illimitée de tout le secteur. D'autres actions auprès de l'inspection du travail sont en cours, mais, nous confiera un syndicaliste, outre la paralysie de tous les établissements de la daïra, d'autres formes de contestation sont en maturation, pouvant aller jusqu'au gel pur et simple des cotisations des travailleurs. « Si des solutions rapides ne sont pas prises dans les prochains jours, nous paralyserons le secteur et, à ce moment-là, chacun assumera ses responsabilités », conclura notre interlocuteur.