Se lever le matin et découvrir amèrement l'absence de son quotidien préféré sur les étals des buralistes, telle est «la situation cauchemardesque» que vivent quotidiennement des milliers de lecteurs de la presse écrite. Un scénario que d'aucuns ne prévoyaient, il y a une semaine, mais que la bêtise humaine a fini par rendre réel donnant lieu à une inquiétude grandissante. Inquiets et désabusés, nos lecteurs n'ont de choix que de nous contacter chaque jour pour s'enquérir de l'évolution de la situation. Passé le temps des marques de soutien et de solidarité, les citoyens veulent maintenant agir concrètement. Un vif intérêt se fait sentir au quotidien. Indignés et surtout préoccupés par la persistance de cette suspension, nos lecteurs, devenus désormais amis, bougent en tentant de mobiliser les moyens et préparer le cadre de l'action. Des milliers d'appels nous parviennent des quatre coins de la région de Kabylie. Tous veulent concrétiser leur soutien par des actes allant du soutien financier à la participation aux manifestations de rue. Beaucoup déclaraient être disponibles à entreprendre des quêtes, d'autres vont jusqu'à proposer de faire don de leur salaire. Le souci d'agir au plus vite est incontestablement le plus présent dans les propos des gens. Un vaste mouvement prend ainsi forme «pour la défense de la liberté d'expression menacée par les tenants du pouvoir, visiblement gênés dans leur confort», déclarait, hier, un lecteur qui fait part d'une large concertation menée en ce moment même pour constituer un comité de soutien aux titres suspendus. Au téléphone ou dans la rue, le même message chargé d'indignation et d'inquiétude, est témoigné par des centaines, voire des milliers de ceux qui font de la liberté de la presse un élément fondamental dans une république qui se respecte. Ce vaste mouvement tend ainsi vers l'initiation d'action de protestation sur le terrain. Des avocats, des médecins, des étudiants, de simples citoyens et des acteurs politique se constituent un peu partout en groupe de soutien à la presse écrite. A l'origine de cette mobilisation, on retrouve les vaillants délégués du mouvement citoyen. Fidèles au combat pour lequel sont tombés plus de 123 martyrs, ils font de la réapparition des titres encore en suspension une préoccupation principale. Outre la pétition initiée depuis quelques jours et qui connaît un engouement sans précédent, les voilà tentant avec succès de lancer des comités de soutien dans différentes localités. Il s'agit d'aller au plus vite vers «une réaction de rue afin de faire valoir le droit à l'information et d'exiger le retour des titres encore interdits d'impression», explique-t-on encore.