Depuis le premier jour de la suspension, les citoyens de Kabylie en général et nos nombreux lecteurs en particulier, se sont montrés très préoccupés. Les marques de soutien qu'ils ont sans cesse témoignées à l'endroit de notre quotidien, étaient autant d'encouragements pour une équipe de rédaction qui n'a pas baissé les bras devant «cette nouvelle forme de hogra», pour reprendre les termes d'un lecteur à qui on a tenté d'expliquer, hier, le pourquoi de l'absence de L'Expression, après que l'ensemble des titres suspendus aient retrouvé leur place sur les étals des buralistes. Découvrir amèrement, chaque matin, la place de son quotidien préféré vide sur les étals tel est «le cauchemar» que vivent quotidiennement des milliers de nos lecteurs. Un scénario que d'aucuns prévoyaient, mais que le trio Bouteflika, Ouyahia et Zerhouni a fini par rendre réel, donnant lieu à une inquiétude grandissante. La menace pèse désormais lourdement sur un acquis chèrement arraché. Inquiets et désabusés, nos lecteurs n'ont de choix que de nous contacter chaque jour pour s'enquérir de l'évolution de la situation ô! combien douloureuse car n'ayant pas la moindre réponse à donner si ce n'est ce mot «bientôt» qui reste vague, mais qui permet tout de même un espoir. Du coup, l'habituelle angoisse de la feuille blanche s'est, pour nous transformée en celle d'affronter le lecteur, par téléphone ou en se déplaçant dans nos bureaux, ne cherchant qu'une seule chose, savoir quand il aura de nouveau son journal entre les mains. Tout en continuant à apporter leur soutien et leur solidarité, les citoyens n'ont pas manqué d'agir concrètement par l'émargement des trois pétitions lancées par la Cicb, les journalistes de Béjaïa et un groupe de citoyens de la même ville. Le vif intérêt qui se faisait sentir au quotidien, s'est encore une fois matérialisé lors du rassemblement initié par la corporation. Le mouvement citoyen aura été particulier dans le sens où la levée de suspension est un préalable à toute prise de langue avec le pouvoir au vu du règlement de la crise en Kabylie. Un dénouement qui reste hypothéqué, estiment nos lecteurs lorsqu'ils n'avancent pas l'idée selon laquelle cette suspension est voulue pour bloquer ce processus. Indignés et surtout préoccupés par la persistance de cette suspension, nos lecteurs, devenus désormais amis, continuent à bouger en tentant de mobiliser les moyens et le cadre pour faire pression sur les auteurs de cette suspension politique qui n'a de sens que celui de museler une presse trop gênante. Ces milliers de marques de soutien et de solidarité qui ne cessent de venir d'un lectorat, sont autant d'encouragement qui valent leur pesant d'or pour l'équipe de L'Expression qui a su, grâce à son objectivité, placer L'Expression au rang des titres les plus importants au niveau national, tant sur le plan des ventes que celui de l'information. Au téléphone ou dans la rue, le même message chargé d'indignation et d'inquiétude est témoigné par des centaines, voire des milliers de ceux qui font de la liberté de la presse, un élément fondamentale dans une République qui se respecte. Ce vaste mouvement tend ainsi vers la constitution d'un comité pour la défense de la liberté de la presse. Des avocats, des médecins, des étudiants, de simples citoyens et des acteurs politiques font part quotidiennement de leur volonté de lancer ce cadre de soutien aux journalistes. Beaucoup feront d'ailleurs cette proposition, qui fait chaud au coeur, lancer un comité dénommé «les Amis de L'Expression».