«Nous intenterons une action en justice contre les imprimeries, et les instigateurs de cette manigance seront dévoilés», révèle, sur un ton de défi, M.Rezzoug, rédacteur en chef du Matin. Hier, l'atmosphère était détendue au sein de la rédaction du quotidien Le Matin. Youcef Rezzoug, rédacteur en chef était rassuré sur le devenir du quotidien. «Nous avons payé la dette revendiquée et qui était de l'ordre de 13 milliards de centimes, ce qui nous laisse croire que nous paraîtrons demain (aujourd'hui ndlr)», ajoutant que «cette édition sera consacrée à dévoiler les contours de cette décision de suspension qui s'apparente à une décision politique pour museler la presse». Sur la question des factures, le rédacteur en chef ne mâche pas ses mots et déclare que «certaines factures de l'Est et de l'Ouest ont été gonflées et lorsque nous avons tenté de protester, les responsables de l'imprimerie nous ont demandé de payer d'abord et de réclamer ensuite», ajoutant que «certaines factures s'élevant à 1,2 milliard de centimes contractés auprès de la Simpral ont déjà été payées». Ne s'attardant pas sur les détails, le rédacteur en chef parle de manigance dont le ministre de l'Intérieur serait l'instigateur. «Ils ont plafonné sur le fictif avec l'espoir de décourager les titres de presse croyant que nous n'allons pas pouvoir payer, mais nous avons payé le dû fallacieusement réclamé». C'est sur un ton de défi que le rédacteur en chef déclare que «la liberté chèrement acquise par des générations doit être sauvegardée et nous ne lâcherons pas prise si facilement». Dans un deuxième temps, notre interlocuteur nous informe qu'à la «suite du préjudice moral et financier enduré, des actions en justice seront entreprises contre les personnes, dont les patrons des imprimeries, qui veulent mettre en péril la liberté d'expression par des procédés maffieux en obéissant à des injonctions. Les imprimeries doivent devenir des partenaires nationaux et le citoyen doit pouvoir jouir du droit de regard». En filigrane, le responsable de la rédaction nous fait état de moult menaces de diverses natures à l'endroit du quotidien et selon lequel Reporters sans frontières serait détenteur d'un dossier sur les nombreux harcèlements et menaces a l'endroit du Matin et de son directeur. A ce sujet, M.Rezzoug, très confiant, nous lance: «Nous sommes habitués aux menaces et l'exemple suprême est survenu après les révélations sur l'affaire d'Al Shorafa». En bref, lance M.Rezzoug, «nous serons sur les étals demain (aujourd'hui ndlr) sauf si d'autres instructions sont émises par le pouvoir». A Er Raï, l'ambiance est morose, les quelques journalistes présents sont dans l'expectative d'une quelconque information sur le résultat des démarches entreprises par le directeur pour le règlement des 13 milliards exigés par l'imprimerie. A rappeler que ce titre a déjà subi une suspension de 15 jours durant le mois de juillet et fait l'objet d'une poursuite judiciaire de la part du chef du gouvernement, M.Ouyahia, à la suite de la diffusion de l'affaire Bonatero. Même atmosphère au Soir d'Algérie. On nous informe que les informations devront parvenir dès 16h00 (hier), soit à l'arrivée des éditeurs. Pour la plupart des observateurs, la démarche entreprise par le pouvoir laisse quelques zones d'ombre. En ce sens où ils se demandent pourquoi seulement 6 titres ont été touchés? Par ailleurs, «si les six titres sont redevables de 72 milliards de centimes aux imprimeries, comment le pouvoir compte-t-il récupérer les 253 milliards restants sur les 325 milliards de centimes redevables par les 36 titres restants?» En somme, la plupart des journalistes et responsables de rédactions que nous avons rencontrés ont affirmé que «cette manoeuvre déstabilisatrice est loin de porter préjudice à la presse qui se voit remporter une nouvelle victoire dans la lutte pour une presse libre de toutes entraves.» A ce titre et à la suite d'une information diffusée par le quotidien El Khabar faisant état d'une réunion restreinte entre MM.Zerhouni, Ouyahia et Saïd Bouteflika aux fins de décider de faire pression sur les six titres, les observateurs se demandent pourquoi le ministre de la Communication était absent à ce conclave? A l'heure ou nous mettons sous presse nous apprenons que les responsables du quotidien Le Soir d'Algérie ont versé une partie de leurs dettes aux imprimeries de l'Est et de l'Ouest, tandis que la dette contractée auprès de l'imprimerie du Centre devrait être versée dans les jours à venir. En un mot et hormis Le Matin, El Khabar et Liberté, Le Soir d'Algérie, Er-Raï et L'Expression seront encore absents des étals.