Curieux communiqué que celui publié par la Dgsn, mettant en cause Mohamed Benchicou. Le journal El Moudjahid publiait, hier, en encadré, un curieux communiqué de la Dgsn, annonçant que le directeur du quotidien Le Matin, Mohamed Benchicou, avait été contrôlé par la police, à son retour de Paris, et que l'équivalent de 11.700.000 dinars, en bons de caisse, avait été découvert dans ses bagages. Tel que publié, le texte pèche par son excès puisqu'il eut été loisible aux médias qui s'en étaient fait l'écho de prendre langue avec le concerné, un confrère, aux fins d'avoir son son de cloche. Le texte de ce communiqué, qui indique par ailleurs, que «la justice sera saisie», prête à penser qu'il a été rédigé de manière à faire croire au lecteur que M.Benchicou, dont le journal est, en même temps que trois autres quotidiens, dont L'Expression, toujours sous le coup d'une mesure de suspension, se serait rendu coupable d'un mouvement illicite de capitaux, puni par la loi. Ce communiqué a été repris, dans la même journée, dans les éditions de la radio et de la télévision. «Il reste à savoir, tient à dire le rédacteur en chef du journal Le Matin, M.Youcef Rezzoug, en quoi la possession de bons de caisse, libellés de surcroît en dinars, est considérée comme un délit». «Ces bons de caisse, que tout un chacun peut transporter en toute liberté, M.Benchicou les ramenait au pays, il ne les exportait pas. La réalité c'est que les policiers qui sont intervenus à son encontre, à l'initiative du ministère de l'Intérieur, croyaient découvrir des moyens financiers extérieurs. Cela n'a pas été le cas. Il s'agit, une nouvelle fois, d'un procédé maffieux du type de celui qui a été pratiqué à notre encontre par des imprimeries aux ordres». Grande a dû être la déception de Zerhouni qui avait déjà eu l'occasion d'accuser certains directeurs des journaux suspendus d'être allés voir des chancelleries étrangères, pour ne pas dire «en intelligence avec l'ennemi». M.Rezzouk annonce que son journal allait régler, «dans la journée», la totalité des 13 milliards de centimes réclamés par les imprimeurs «alors que la somme réelle de notre dette représente 7 milliards. Nous allons payer parce que nous entendons paraître pour poursuivre notre combat.» Le rédacteur en chef du quotidien dénonce, un peu plus loin, les pratiques des imprimeries «qui, tient-il à souligner, appartiennent à la collectivité nationale et lesquelles, en obéissant aveuglement aux injonctions politiques, perdent, du même coup, leur vocation commerciale». Il confirme, d'autre part, que Le Matin sera présent, dès aujourd'hui, dans les kiosques «à moins que...». M.Rezzoug tient à rappeller que son journal se réserve le droit d'en appeler aux tribunaux pour, d'une part, récupérer les sommes en surplus payées aux imprimeries, d'autre part, pour violation de contrat, «et pour le préjudice financier et moral subi par notre publication». Revenant sur le s que ne cesse de subir le directeur du journal, dont il affirme qu'«il est plus déterminé que jamais à continuer dans la même voie», il indique que l'organisation Reporters sans frontières (RSF), a ouvert une enquête et constitué un volumineux dossier sur les nombreux harcèlements dont continue d'être victime M.Benchicou «de la part des services du ministère de l'Intérieur et de la police parallèle de Bouteflika». Commentant la manière dont l'affaire des bons de caisse avait été traitée par les médias publics, le directeur du Matin a, par le biais d'un communiqué publié, hier après-midi, dénoncé le recours «honteux» à la désinformation «qui démontre le désarroi du cercle présidentiel»: «Le Matin, qui a toujours agi dans la transparence, (...) ne compte pas se laisser divertir par l'agitation désemparée du ministre de l'Intérieur».