Sauf imprévu, Le Matin et Le Soir d'Algérie seront bientôt dans les kiosques. Atmosphère d'extrême émotion, hier, en début d'après-midi, dans les locaux du quotidien Le Matin, après l'annonce que des perquisitions avaient été effectuées, quelques instants auparavant, au domicile du directeur du journal, Mohamed Benchicou ainsi que celui de sa mère. Contacté, pour plus de détails, le rédacteur en chef, du Matin, M.Rezzoug, qui avait, dans la matinée, tenu à accompagner le directeur du journal auprès des services de police, nous a indiqué qu'une conférence de presse allait être donnée, vers 18h, au siège du journal. Commentant l'origine de l'affaire, des suites de laquelle M.Benchicou a été sommé de se présenter aux services de la Dgsn, M.Rezzoug rappelle que l'infraction reprochée à M.Benchicou, «si elle existe vraiment», est du ressort des seuls services de la douane. Concernant la dette réclamée pour imprimer, à nouveau Le Matin, M.Rezzoug indique que «tout a été réglé jusqu'au mois d'octobre 2003». Commentant, de son côté, les mesures coercitives dont continue de faire l'objet M.Benchicou, le directeur du Soir d'Algérie, M.Fouad Boughanem, les compare à «un véritable terrorisme d'Etat». «Ceux qui sont en train d'essayer d'amener les gens de la presse devant la justice sont, dit-il, ceux-là mêmes qui devraient rendre compte de leurs actions devant les juges». «En ce qui nous concerne, ajoute M. Boughanem, nous avons introduit une action en justice pour, d'une part, faire valoir nos droits à récupérer notre argent auprès de l'Anep et, d'autre part, mettre en avant le caractère illégal des mesures prises par les imprimeurs.» Concernant ces derniers, il ajoute que son journal a introduit une action en référé sur laquelle devrait statuer la justice, dès mercredi. Il dira que Le Soir d'Algérie s'est vu réclamer 68 millions de dinars, dont l'essentiel est constitué des factures des mois de juin et de juillet «qui ne sont pas encore arrivées à échéance». «Malgré le caractère illégal des mesures prises à notre encontre, poursuit-il, nous avons payé l'intégralité de ce qui nous a été exigé par les imprimeries de l'Est et de l'Ouest, soit plus de 8 millions de dinars. Il reste à payer 57 millions de dinars que nous nous faisons fort de régler dans les prochains jours.» «Cela n'enlève en rien à notre combat auprès de la justice pour continuer à faire valoir le caractère illégal des mesures prises à notre encore et faire en sorte que le préjudice financier et moral que nous avons subi soit réparé» dira, encore, M.Benghanem. Climat pessimiste, au niveau du bureau du journal Er-Raï, autre publication suspendue sur ordre du ministère de l'Intérieur. Le chef de bureau d'Alger, du quotidien, M.Merouane Lounnas, précise que les imprimeries de l'Est, de l'Ouest et du Centre, réclament la somme de 13 milliards de centimes au quotidien. «Nous n'avons pas les moyens financiers pour pouvoir effectuer le paiement qui nous est réclamé. Nous pourrons en régler, seulement, une partie à condition, toutefois, que l'Anep accepte de nous reverser les 5 milliards de centimes qu'elle nous doit.» M.Lounnas relève, un peu plus loin, que les mesures de suspension qui frappent la publication risquent de priver de ressources les quelque 100 employés et journalistes qui y travaillent. Il tiendra, lui aussi, à réaffirmer que les moyens répressifs qui sont utilisés à l'encontre de la presse indépendante montrent bien qu'il s'agit de règlements de comptes et non d'une mesure à caractère commercial «tel qu'on cherche à le faire croire».