Il est attendu aujourd'hui à la sûreté de la wilaya pour y être auditionné. Une nuée de journalistes était présente hier au domicile de Mohamed Benchicou, directeur du quotidien Le Matin, et ce, en signe de soutien. Plusieurs véhicules de police étaient stationnés à proximité, attisant ainsi la tension. A rappeler que M.Benchicou a été interpellé à l'aéroport d'Alger en détention de 1,7 milliard de centimes en bons de caisse alors qu'il revenait de la capitale française. Un curieux communiqué de la Dgsn a mis le feu aux poudres. Après les procédures de fouilles minutieuses, et sans doute commandées, opérées par les policiers, le directeur a été relâché non sans constater qu'«aucun PV n'a été dressé comme le stipule la loi». Pendant que les responsables se démenaient pour trouver une solution au problème financier, deux convocations à l'adresse de M.Benchicou émises par la brigade économique et financière arrivent au journal. Une troisième est adressée à son domicile. Presque au même moment, des éléments de la brigade économique se présentent devant la BDL pour procéder au blocage du compte du quotidien. Une procédure judiciaire jugée «mal placée et cachant d'autres intentions», se plaisent à dire les avocats de M.Benchicou qui ajoutent: «Cette procédure n'obéit à aucune règle ni loi et confirme la ferme volonté du pouvoir de porter préjudice au quotidien.» Les éléments de la police judiciaire, qui se sont déplacés au domicile du directeur, ont expliqué aux avocats: «Nous sommes venus conduire le directeur à la sûreté de la wilaya pour y être auditionné.» Bien que ne possédant ni mandat de perquisition ni mandat d'amener, les policiers, sur invitation des avocats, ont pénétré au domicile pour constater que le directeur était absent. Tous les arguments avancés n'ont pu apaiser la tension qui régnait parmi les journalistes qui redoutaient l'arrestation du directeur. Des pourparlers sont engagés entre les avocats et les policiers sous le regard des journalistes présents. Ce n'est que quelque temps après que ces derniers nous informent que «le directeur se présentera demain (aujourd'hui) au siège de la sûreté de la wilaya.» Une convocation à laquelle se joindront tous les journalistes de la presse et qui ne manquera pas de susciter de profondes appréhensions. «Pourquoi le compte a été bloqué et pourquoi ce harcèlement alors que le journal venait de réunir toute la somme et s'apprêtait à reparaître?», se demandent encore les avocats qui voient en cette procédure «une manoeuvre pour enfoncer le journal.» Beaucoup pensent que cette démarche tendrait à vouloir arrêter le directeur du journal après son audition au commissariat central. Ce qui est sûr c'est que tous les journalistes seront au rendez-vous pour témoigner du dénouement de cette affaire qui risque de prendre des proportions autrement plus graves.