Les observateurs sont unanimes. Les élections législatives en Egypte se sont déroulées dans un climat exemplaire d'enthousiasme, de sérénité et de sécurité absolue. La classe politique égyptienne, et notamment sa composante islamique, avait compris que sa seule chance de survivre politiquement est de se rallier aux décisions du Csfa (Conseil suprême des Forces armées) qui mise sur le succès de l'examen électoral du 28 novembre. J'avais dit dans un précèdent article que la scène politique (égyptienne) vivait une véritable crise de confiance entre l'ensemble des jeunes, représentés par les manifestants de la place «Attahrir», qui se réclament de la légitimité révolutionnaire, et la quasi-totalité de la classe politique égyptienne, toutes tendances confondues. En mobilisant toutes les couches populaires et obligeant Moubarak à se retirer, ce sont bien les manifestants qui ont donné sa légitimité au Csfa. Ces dires, plus au moins justes, agacent le Conseil, mais aussi rendent fous les politiciens, notamment ceux qui se réclament du «salafisme». Des commentateurs, soi-disant «analystes stratégiques», en majorité des généraux en retraite, n'ont pas caché leur colère en déclarant que les manifestants, quel que soit leur nombre, n'ont pas le droit de prétendre représenter les 82 millions d'Egyptiens. C'est là l'arrière pensée de l'accord entre le Conseil militaire et les politiciens, avec un objectif précis, mettre fin à toute allusion à une «légitimité révolutionnaire», et mettre fin au rôle politique des jeunes, incontrôlables par qui que ce soit. Les élections étaient donc un défi pour tout le monde, et ils ont été bel et bien une réussite. Un fait remarquable, qui donne aux jeunes de la place «Attahrir» un mérite historique. Tous, et à tour de rôle, ont fait leur devoir électoral pour dire à qui veut les entendre qu'ils sont, avant tout, des nationalistes qui militent pour la stabilité de leur pays. Ils ont l'intention de rester une pièce maîtresse sur l'échiquier politique. En regardant l'avenir, la question qui se pose aujourd'hui au sujet de ce scrutin: est-ce une réussite tactique ou une victoire stratégique?. (*) Ancien ministre de la Communication