L'absence du Conseil supérieur de la concurrence gelé depuis des années a favorisé l'apparition de monopoles La commission d'enquête de l'APN est formelle: Cevital est en situation de monopole. «Pour le sucre et l'huile, nous avons remarqué que le développement de ces deux filières a provoqué une situation de dominance puisque Cevital détient plus de 70% du marché.» L'aveu vient de Kamel Rezgui, président de la commission d'enquête de l'APN à travers l'entretien qu'il a accordé au journal Horizons. L'absence du Conseil supérieur de la concurrence, gelé depuis des années, a favorisé l'apparition de monopoles. L'Etat est également absent en matière de contrôle, poursuit-il. Si pour le lait et les céréales, l'Etat dispose d'offices publics qui peuvent intervenir pour réguler le marché, pour le sucre et l'huile, il est absent puisqu'il n'a pas de levier pour le contrôle, d'autant que les opérateurs appartiennent au secteur privé, les entreprises publiques ayant été privatisées. La commission propose au gouvernement «d'encourager l'investissement dans ces filières, pour rééquilibrer le marché afin qu'il n'y ait pas de situation de monopole et souhaite la régulation du marché et la création d'un mécanisme, une formule ou un organe pour la régulation des filières sucre et huile». Le même rapport revient sur d'autres aspects liés à l'organisation du marché. Ainsi, les quatre produits soutenus actuellement coûtent 300 milliards de DA au Trésor, a indiqué le président de la commission d'enquête de l'APN. L'Etat providence paie une facture de l'ordre de 6 à 7 milliards de dollars chaque année pour soutenir les prix des produits importés. A titre d'exemple, selon la même source, la tonne de poudre de lait importé varie entre 3000 et 5000 dollars, l'équivalent de 370.000 DA. L'Onil la cède à 160.000 DA, soit moins de la moitié de son prix. La différence est versée par le Trésor public. La même chose pour le blé. L'Oaic achète le quintal à 4500 DA et le revend à 2290 DA. Le sucre et l'huile, qui sont soutenus depuis janvier dernier, sont exonérés des droits et taxes et s'il y a une différence de prix entre le marché international et le prix de revient en Algérie, puisque le gouvernement a plafonné le prix du sucre à 90 DA le kilo et celui de l'huile à 600 DA les cinq litres, le Trésor remboursera la différence. Si l'exonération des droits et taxes ne suffit pas, la différence de prix est remboursée par le Trésor. Selon le premier résultat tiré par les membres de ladite commission, la cause première de la flambée des prix est mise sur le compte de l'envolée des prix à l'international. «Le premier résultat a révélé que les produits boursiers sont en nette accélération. Ils sont trop élevés. Donc, il y a eu un impact direct sur le marché intérieur», dira le président de la commission, Kamel Rezgui. L'Oaic et l'Onil, les trois opérateurs en matière de sucre, Cevital, Sorasucre à Guelma, Ouest Import à Mostaganem, les 5 opérateurs en matière de corps gras dont le Groupe Cevital, le Groupe saoudien Savola avec sa marque «Afia» à Oran, le Groupe Cogral dont la marque «Safia», Cogb La Belle (Cogb Corps Gras) de Béjaïa, Prolopos de Aïn M'lila (wilaya d'Oum El Bouaghi), sont les entreprises dont les représentants ont été auditionnés par les enquêteurs. La commission de l'APN chargée du rapport d'enquête sur l'augmentation des prix de produits alimentaires, diligentée suite aux émeutes ayant secoué le pays, n'a pas encore livré toutes ses conclusions. Seules quelques bribes d'information sont distillées à travers la presse.