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Le soutien des prix profite aux riches, aux commerçants et aux pauvres Le président de la Commission d'enquête de l'APN sur la crise du sucre et de l'huile à la chaîne III
Photo : S. Zoheïr Par Fouzia Ababsa Si l'on s'en tient, du moins jusqu'à ce que le document soit rendu public, aux éléments donnés hier sur les ondes de la radio par son président, la Commission d'enquête parlementaire chargée de faire la lumière sur l'augmentation des prix en janvier dernier n'a pas inventé le fil à couper le beurre. En ce sens que ladite Commission ne nous apprend rien de nouveau que l'on ne sache déjà. Hausse des cours mondiaux des produits cotés en Bourse, absence de marchés de gros, non-maîtrise par l'Etat du commerce interne, dysfonctionnements dans l'organisation et la distribution du lait, bureaucratie, absence de transactions commerciales par chèque, présence de position dominante d'un opérateur sur l'huile et le sucre, un ministère du Commerce qui a dévolu ses prérogatives à un Conseil national de la concurrence, qui n'est toujours pas opérationnel, non-respect des cahiers des charges par certains repreneurs d'entreprises publiques. D'où l'anarchie et la spéculation qui règnent sur le marché.Le président de la Commission d'enquête parlementaire a précisé, dans son intervention à l'émission «Invité de la rédaction» de la Chaîne III, que tous les acteurs intervenant dans la sphère économique, institutions et opérateurs, ont été auditionnés à l'exception des grossistes qui n'ont pas daigné répondre à l'invitation. Le Dr Kamel Rezgui a indiqué que la Commission a transmis une correspondance au ministre du Commerce pour en connaître les raisons, mais il semblerait que M. Benbada n'est pas prompt à lui répondre. Ce député FLN a beaucoup insisté sur la non-application des lois que l'institution, à laquelle il appartient, a adoptées. En somme, il pointe du doigt l'Exécutif, y compris en ce qui concerne l'aboutissement des propositions de lois qui restent lettre morte.Pourtant, M. Rezgui sait très bien que la loi organique régissant les relations entre l'APN et le Conseil de la Nation et entre le Parlement et le gouvernement, stipule clairement que l'Exécutif est tenu par un délai pour émettre son avis sur une proposition de loi à la fin duquel, le texte est présenté à la plénière qui décidera de la suite à lui donner. Et c'est au bureau de l'Assemblée qu'échoit cette mission. Bureau dans lequel le FLN est majoritaire.D'autre part, le reproche fait à l'Exécutif de ne pas faire appliquer la législation n'exempte par les locataires de l'hémicycle de tout grief. En ce sens que ce sont eux qui contrôlent le travail du gouvernement. C'est vrai que cela se fait à travers les questions orales et écrites, toutefois, nous n'avons pas eu vent de proposition de révision du règlement intérieur de l'institution législative pour, entre autres, instituer une commission des lois devant laquelle défileraient les membres du gouvernement pour, justement, s'assurer de la mise en application sur le terrain ou pas.Pour en revenir aux conclusions de la Commission d'enquête, le Dr Rezgui n'en dira pas plus, s'abritant derrière la loi qui stipule que le rapport est couvert par la confidentialité. Pourtant, les citoyens, qui ont occupé la rue en janvier dernier, ont le droit de connaître les raisons qui ont présidé à la hausse des prix des produits soutenus par l'Etat, et qui se cache derrière. Ces mêmes citoyens font aussi partie de ceux qui ont élu les députés. Ces derniers, en principe, tenus de leur rendre compte.Par ailleurs, le président de la Commission a indiqué que des recommandations ont été jointes au rapport. Il citera, entre autres, l'urgence de la mise en place du Conseil de la concurrence, la mise à exécution de la disposition de la loi de finances complémentaire 2010 faisant obligation de l'utilisation du chèque dans les transactions commerciales. Le plafonnement nécessaire de l'importation des matières soutenues. «Le sucre et l'huile ne sont pas utilisés uniquement par les ménages. Tout comme la poudre de lait. En fait, l'Etat soutient aussi les pâtisseries, les pâtes alimentaires, les yaourts et les boissons. Cela coûte 300 milliards de dinars au Trésor public.» «Ce qui n'est pas normal, dira le Dr Rezgui. Il faut importer ce dont on a besoin. Le soutien de l'Etat à ces matières va aussi bien au pauvre qu'au riche. Il faut trouver un mécanisme à même de faire bénéficier de ce soutien les plus démunis à travers leur fiche de paie. C'est ainsi que les prix chuteront incontestablement.» La commission a préconisé également que la fiscalité ordinaire soit augmentée, parce qu'actuellement elle ne représente que 55% du budget de l'Etat. «Si jamais le cours du pétrole chute, on n'aura pas de quoi payer les salaires et les retraites», a indiqué l'hôte de la radio. Lequel a insisté sur l'encouragement de la production qui fera certainement baisser les prix. Installer des marchés de gros, à l'image des Halles de Belcourt autrefois.Plus important encore, la commission recommande l'instauration d'une cellule de veille chargée d'étudier le marché mondial et alerter lorsqu'il faut acheter en grande quantité et à bon prix. Invité à dire si la commission a établi les responsabilités, le Dr Rezgui rétorquera que ce n'était pas une commission judicaire «chargée de passer des menottes et emmener les gens en prison». Pourtant, les responsables des graves émeutes, comme il les qualifie, mériteraient bien d'être poursuivis. Car il ne faut pas oublier qu'il y a eu destruction de biens publics et privés. Mais surtout mort d'hommes.