Retour au point zéro, tels peuvent être résumés les événements de ces derniers jours. Il ne fait plus de doute que le Proche-Orient, qui décidément, ne sort pas de la spirale de violence, a de nouveau effectué un pas en arrière et un virage dangereux mettant à mal les efforts en vue d'instaurer un climat de sérénité entre les belligérants israéliens et palestiniens. C'est quasiment le retour à la case de départ suite, d'une part, à l'attentat-suicide du 19 août à Jérusalem-Ouest, d'autre part, à la décision de Sharon de la reprise de l'assassinat ciblé des leaders palestiniens. Il faut croire que le dirigeant israélien a eu le feu vert de la Maison-Blanche pour reprendre à nouveau la liquidation des principaux responsables politiques et militaires palestiniens, notamment ceux des mouvements Hamas et du Jihad islamique. Ainsi, à défaut de faire plier les Palestiniens, par tous les moyens à sa disposition, Sharon a choisi la facile alternative de tuer ceux qu'il ne peut réduire à sa merci. Cela sans soulever la moindre critique, ou condamnation de la part de la communauté internationale. Une communauté internationale curieusement silencieuse face aux exactions de l'armée d'occupation israélienne qui met en oeuvre son arsenal militaire de destruction et de mort, sans commune mesure avec les possibilités de l'adversaire, comme les chars, les blindés, les bombardiers F15 et F16, les hélicoptères de combat Apache et Cobra, tout cela face à des hommes qui n'ont comme armes que leurs propres corps qu'ils offrent en offrande à leur patrie spoliée. Dans l'affaire du Proche-Orient existe en fait aujourd'hui un vaste malentendu lorsqu'il est exigé d'un peuple, traqué, assassiné, son territoire transformé, par l'occupant israélien, en immense centre carcéral, les Palestiniens identifiés comme des terroristes juste bons à être tués, il y a comme un aveuglement de la part de la communauté internationale qui ne veut pas voir le déni de droit commis par le peuple hébraïque à l'endroit du peuple palestinien. En 2003 la communauté internationale a encore peur d'être accusée d'antisémitisme par Israël qui a fait de cette notion une épée de Damoclès pour tous ceux qui condamnent ses pratiques, de fait, condamnables. M.Bush, qui ne semble toujours pas avoir assimilé les fondements du dossier palestinien a de nouveau exigé le démantèlement de ce qu'il qualifie de «groupes terroristes», sans, dans le même temps, sommer Israël de démanteler de son côté les colonies juives implantées dans les territoires palestiniens, obstacle insurmontable au retour de la confiance, et d'autre part d'arrêter ses persécutions contre un peuple coupable de réclamer ses droits. Israël occupe la quasi-totalité des territoires palestiniens entreprenant même, depuis un an, la construction d'un «mur» qui, outre de défigurer les territoires en question, dément toute intention de Tel-Aviv de céder ou de rendre les terres qu'il occupe depuis 1967. Ce qui enlève tout sérieux et crédit, autant au processus de paix en cours qu'à l'incertaine création d'un Etat palestinien qui, tel que voulu par les Israéliens, et sans doute par les Américains, ne pouvait être ni viable, ni fiable. Les Américains demandent à une Autorité palestinienne, phagocytée par Israël, de lutter contre le «terrorisme» quand Israël lui-même se garde de faire le geste le plus minime en vue de conforter un processus de paix qui, curieusement, évacue tout ce qui peut redonner confiance aux Palestiniens et ouvrir la voie à une véritable coopération pour trouver une solution équitable entre les deux peuples. Or c'est aux Palestiniens, écrasés, humiliés quotidiennement par l'armée israélienne d'occupation, que l'on demande de s'écraser encore plus devant le diktat d'Israël, et leur résistance à l'occupation qualifiée trop facilement de terrorisme. Si aujourd'hui, l'engrenage de la violence s'est à nouveau réveillé, c'est dû en premier lieu à l'irrédentisme israélien, ensuite au refus conjugué d'Israël et des Etats-Unis de l'envoi dans les territoires occupés d'une force internationale de séparation entre les deux communautés. Question: les Israéliens veulent-ils seulement de la paix telle que suscitée par la communauté internationale?