Retour au point zéro, tels peuvent être résumés les événements de ces derniers jours, qui firent voler en éclats les espoirs d'une paix à venir. Il ne fait pas de doute que le Proche-Orient qui, décidément, ne sort pas de la spirale de violence, a de nouveau effectué un pas en arrière et un virage dangereux qui n'intercède, d'aucune manière, en faveur de la consolidation des efforts, d'instaurer un climat de sérénité entre les belligérants israéliens et palestiniens. C'est quasiment le retour à la case départ suite, d'une part, à l'attentat-suicide du 19 août à Jérusalem-Ouest et, d'autre part, à la décision de Sharon de la reprise de l'assassinat ciblé des leaders palestiniens. A défaut de faire plier les Palestiniens, par tous les moyens en sa disposition, Sharon a choisi la facile alternative de tuer ceux qu'il ne peut réduire à sa merci. Cela sans soulever la moindre critique ou condamnation de la part de la communauté internationale. Dans l'affaire du Proche-Orient, existe en fait aujourd'hui un vaste malentendu lorsqu'il est exigé d'un peuple, traqué, assassiné, son territoire transformé, par l'occupant israélien, en un immense centre carcéral, les Palestiniens réduits à la qualité de terroristes juste bons à être tués, il y a comme une cécité voulue de la part de la communauté internationale qui ne veut pas voir le déni de droit, commis par le peuple hébraïque à l'endroit du peuple palestinien, qui souffre dans sa vie et dans sa chair au vu de tous et dans l'indifférence de tous. M.Bush a de nouveau exigé le démantèlement de ce qu'il qualifie de «groupes terroristes», sans, dans le même temps, sommer Israël d'en faire de même pour les colonies implantées dans les territoires palestiniens qui constituent l'obstacle insurmontable au retour de la confiance et la possibilité de mise en oeuvre du processus de paix. Les Palestiniens sont quasiment victimes dans leurs propres territoires, d'une politique d'apartheid de la part d'Israël, politique jamais clairement dénoncée par Washington. L'occupation des territoires palestiniens de Cisjordanie, de Ghaza et d'Al-Qods-Est demeure le noeud gordien du contentieux israélo-palestinien et les Américains savent pertinemment qu'il ne peut y avoir aucune avancée dans la résolution de ce conflit tant que Israël occupe, et continue d'occuper, les territoires censés constituer l'assiette du futur Etat palestinien indépendant, prévue par la «feuille de route» à l'horizon 2005. L'urgence, semblait-il, était de garantir le fait qu'Israël cédera ces territoires - occupés depuis 1967 - or, loin de là, Tel-Aviv a entrepris, depuis un an, la construction d'un «mur» qui outre de défigurer les territoires palestiniens, enlève, par là même, tout sérieux et crédit, autant au processus de paix en cours, qu'à la plus qu'incertaine création de l'Etat palestinien qui, dans ces modalités, ne peut être ni viable ni fiable. Les Américains demandent à une Autorité palestinienne, phagocytée par Israël, (territoires sous couvre-feu permanent, policiers palestiniens pourchassés par l'armée d'occupation - de fait regardés, par les Israéliens, comme des terroristes en puissance - représailles et vexations de toutes sortes), de lutter contre le «terrorisme» quand Israël lui-même se garde de faire le geste le plus minime en vue de conforter un processus de paix qui, curieusement, évacue tout ce qui peut redonner confiance aux Palestiniens et ouvrir la voie à une véritable coopération pour trouver une solution équitable entre les deux peuples. Or, c'est aux Palestiniens, écrasés, humiliés quotidiennement par l'armée israélienne d'occupation, que l'on demande de s'écraser encore plus devant le diktat d'Israël et leur résistance à l'occupation qualifiée trop facilement de terrorisme. Si aujourd'hui, l'engrenage de la violence va de nouveau se réveiller c'est dû en premier lieu à l'irrédentisme israélien, ensuite au refus conjugué d'Israël et des Etats-Unis de l'envoi dans les territoires occupés d'une force internationale de séparation des deux communautés. Encore une fois, ce qui est la règle partout, dans le monde, où sévissent des conflits armées, ne l'est plus dès lors qu'Israël est impliqué dans l'affaire. Ainsi, Israël est un Etat plus que jamais au-dessus des lois et droit internationaux. A ce moment de quelle paix parlent Américains et Israéliens? Les Israéliens veulent-ils seulement la paix?