Plusieurs dizaines de citoyens représentant les différentes structures du monde politique, économique et social se sont rassemblées hier, devant le siège de la wilaya de Béjaïa et ce, pour dénoncer la suspension des six titres de la presse écrite nationale et exiger leur retour dans les plus brefs délais. Répondant à l'appel des journalistes de la wilaya de Béjaïa, des médecins, des avocats, des syndicalistes et hommes politiques ont tenu à marquer cette journée de protestation par une présence massive et de qualité. Des citoyens anonymes ont aussi pris part à ce rassemblement joignant ainsi le geste à la parole. Tout le temps qu'aura duré cette action, les participants n'ont pas cessé d'aborder cette évolution dangereuse portant atteinte aux acquis démocratiques. Tous ont tenu à condamner «ces agissements sous de fallacieux prétextes financiers». Hocine Mouzaoui, député du FLN, Louhab Khoulallen de la Fnte, des délégués des ârchs, des avocats, des artistes ainsi que représentants du RCD, du FFS, et du MDS ont fermement condamné cette «énième atteinte à la liberté de la presse et les harcèlements judiciaires du pouvoir.» Ainsi donc, toutes les marques de soutien faites par les citoyens au lendemain de la suspension se sont, hier, concrétisées sur le terrain à travers la participation au rassemblement qui reste un geste fort significatif de la détermination des journalistes «à poursuivre leur combat pour un état démocratique digne de ce nom», pour reprendre l'expression d'un confrère lors de son intervention pour remercier au nom de toute la corporation les citoyens pour leur mobilisation en faveur de la liberté de la presse en général et des journaux suspendus en particulier. Kader Sadji, responsable du quotidien Le Matin, parlera aussi d'un cadre organisationnel chargé de défendre les journalistes et la presse dans son travail de tous les jours. Ce cadre est appelé à prendre forme dans les prochains jours. Cette idée née lors de la réunion des chefs des bureaux des différents titres a eu un écho favorable auprès des citoyens. Aziz Kersani du Soir d'Algérie, l'un des initiateurs de ce rassemblement considère que «cette suspension arbitraire n'altère en rien notre détermination à aller jusqu'au bout de notre combat pour une presse libre et un Etat de droit.» De son côté, Kamel Medjdoub, journaliste d'El Watan et autre initiateur de l'action du jour, abondera dans le même sens et estime qu'«il est temps d'arrêter cette pression sur l'un des acquis d'Octobre 88.» Dans une déclaration rendue publique pour la circonstance, le Sete de Béjaïa estime qu'à travers «cette décision arbitraire» «le pouvoir rentier vient de museler la presse nationale en décidant de suspendre certains journaux qui n'ont fait que leur devoir d'information» n'omettant au passage d'apporter «son soutien indéfectible à la presse nationale». Le comité des citoyens de la ville de Béjaïa a agi de même en dénonçant cette «atteinte à la liberté d'expression». Une heure après, les participants se sont dispersés dans le calme en se donnant rendez-vous pour une prochaine rencontre pour constituer un cadre juridique légal pour la défense de la liberté de la presse.