Le long de l'axe «le plus dangereux d'Algérie» pendant les années 92-96, les Brigades mobiles de la gendarmerie et les sections de l'ANP dressent des barrages. Entre la Chiffa et Ksar El-Boukhari, la route qui traverse Médéa, Ben Chicao, Ouzera et Berrouaghia est sécurisée. Partout, sur les hauteurs, des miradors et des guérites en béton ont été dressés, pour surveiller les alentours H24. Aujourd'hui, le résultat est là, aucun usager de cet axe n'a été agressé depuis au moins deux ans. C'était, avant 1998, la zone de repli et le fief du GIA. Plus loin, vers le Sud, un long et discret ratissage continue depuis près d'un mois. Les résultats de l'opération donnent près d'une vingtaine de terroristes abattus dans les monts Boukhil, entre Laghouat et Djelfa, au sud de Messaâd. Ce groupe des Hauts-Plateaux, venu de Ksar El-Boukhari, notamment, essayait de transposer la guérilla urbaine dans les villes du Sud. L'année dernière, durant le Ramadhan, plusieurs attentats spectaculaires ont été perpétrés, dans le quartier de Boutrifis, dans la ville de Djelfa, faisant au moins une dizaine de morts. Il y a un peu plus d'un mois, une bombe a explosé au centre de Laghouat, faisant un mort et une dizaine de blessés, dont deux grièvement. Ce groupe, acculé aujourd'hui à Boukhil, est en train de perdre ses derniers éléments actifs. A Relizane, le groupe qui semait mort et désolation sur son passage, ne fait plus parler la poudre. Les ratissages minutieux menés par les forces combinées, sous le commandement de l'armée, ont totalement laminé les groupes armés agissant sous l'appellation de Houmat edaâwa essalafia (protecteurs de la prédication salafiste). Obligés de quitter leurs fiefs traditionnels, à Remka et surtout dans les monts de l'Ouarsenis, ces groupes, décimés dans une large mesure, s'éparpillent dans les agglomérations urbaines où ils se fondent dans la foule. Passons à l'Est, où le gros des groupes du Gspc avait son QG aux Nemamchas. Là, les militaires ont peu à peu redonné vie à une région, fortement ébranlée par l'activité terroriste. En deux mois de ratissages soutenus et d'opérations menées de front à Tébessa, Annaba et la région de l'extrême Est, les résultats ont été, là aussi, déterminants. Et depuis le rapt du sénateur Boudiar, il n'y a presque plus de fait terroriste notable, jusqu'au jour de l'assassinat, le 14 octobre dernier, des onze gardes communaux. A Tizi Ouzou, région qui semble le fief privilégié de Hassan Hattab, émir national du Gspc, les ratissages militaires menés à Mizrana, puis à Takhoukht, ont abouti à des résultats spectaculaires. Bien implantés dans la région et vivant en symbiose avec les autochtones, les éléments du Gspc y pratiquaient le racket à grande échelle, notamment, aux abords des Ouadhias et de Boghni. Le ratissage de septembre dernier, opéré à Mizrana, a permis de déloger le gros du groupe local et d'abattre, au moins, cinq éléments armés. Quant au ratissage encore en cours à Takhoukht, il a déjà permis d'éliminer plusieurs terroristes, dont le nombre reste indéterminé (entre cinq et dix), dans le Djurdjura, à la limite territoriale de Tizi Ouzou et de Bouira. L'assaut donné, jeudi dernier, à ce fief du Gspc, a permis de découvrir un véritable QG, avec eau, boîtes pharmaceutiques complètes, literie, électricité, alimentation en abondance, etc. La grande offensive de l'armée a eu pour premiers effets, de réduire la marge de manoeuvre des groupes terroristes, dont les incursions et les attaques sanglantes deviennent de plus en plus espacées dans le temps. Dans l'espace aussi, on peut dresser une typographie à courbe descendante des attaques terroristes dans les régions de l'Est (Tébessa), l'Ouest (Relizane et Mohammadia) et le Sud (Laghouat et Djelfa). Ce net recul du terrorisme, sous les coups répétés de l'ANP, ne doit pas occulter l'essentiel: il s'agit bien là d'un phénomène qui a pris des années pour se développer et qui prendra des années pour s'éteindre. Aussi et parallèlement l'action militaire, les solutions politiques, sociales, culturelles et stratégiques doivent suivre. Le terrorisme urbain, nouveau procédé des groupes armés, et qui consiste à opérer en groupe réduit et se dissoudre dans la ville à la pointe du jour, ne sera pas éradiqué du jour au lendemain. Toutefois, l'accalmie, avant l'embellie, peut déjà prêter à une lecture réellement optimiste.