Aucun projet ne peut équilibrer ses comptes en l'espace d'une année ou deux. L'acte liberticide du pouvoir implique des conséquences plus graves encore que ne le pensaient ses initiateurs. Par-delà la remise en cause des principes fondateurs de la démocratie pluraliste et de la liberté d'expression, ce sont en effet, les lois de la République qui ont été foulées aux pieds par ceux-là mêmes qui sont censés veiller à leur bonne application. Jugez-en vous-même. Sur injonctions politiques venues d'en «haut», les responsables des imprimeries étatiques ont dénoncé de manière unilatérale, et donc forcément illégale et irrecevable, les contrats-types les liant aux six éditeurs placés dans le collimateur du pouvoir. Les nombreuses preuves produites par les journaux ont suffi, par la suite, à démontrer sans ambages la nature politicienne et hors-la-loi de cette mesure. L'acte en lui-même était tellement éculé et cousu de fil blanc, qu'il a été suivi par d'autres mesures d'intimidation et de harcèlement cherchant à rendre plus dociles les titres visés dont la reparution ne faisait plus de doute pour personne. Dans le lot, hélas, notre journal a donné l'air de rester à la traîne. C'est pourtant loin d'être le cas. Nous tenons ici à informer l'opinion publique que nous nous sommes acquittés de l'intégralité de nos dettes contractées vis-à-vis des SIA, SIE et SIO. Dans la foulée, nous avons été contraints, comme l'ont fait les quatre journaux revenus «sains et saufs» à leurs lecteurs, de payer des redevances non prévues dans les contrats, à savoir les factures de juin et de juillet. Pour la petite histoire, nous nous sommes en quelque sorte acquittés pour rien du tirage de notre journal pour une quinzaine de jours, entre les 17 et 31 août passés. La facture de la Simpral, elle, a posé quelques menus problèmes puisque nous en avons épongé près des trois quarts, à savoir un montant global de 6,5 milliards de centimes. Notre vis-à-vis, une fois de plus, a refusé d'honorer un contrat dûment paraphé par les deux parties portant sur l'échelonnement d'une dette de 3 milliards de centimes. En clair, si les lois de la République avaient été appliquées, il y a belle lurette que notre journal serait revenu à ses lecteurs. Nous tenons toutefois à préciser que dans tous les cas de figure, nous avons surmonté avec succès cette épreuve puisque nous nous sommes acquittés de pas moins de 12,5 milliards de centimes sur un total de 15 milliards que nous devons aux imprimeries d'Etat. En outre, nous disposons de recettes publicitaires non encore recouvrées nous permettant de couvrir largement ce «léger» déficit pour peu que les pouvoirs pu-blics veuillent bien laisser de côté le caractère politicien de leur démarche et raisonner sur un plan strictement légal et commercial, comme nous tentons de le faire présentement. Notre journal a prouvé qu'il était viable il a équilibré ses comptes en l'espace de deux années et demie à peine, ce qui constitue un bien rare tour de force dont ne pouvait être digne que l'équipe de journalistes chevronnés et professionnels totalisant des dizaines d'années de pratique et conduisant de jeunes rédacteurs, honnêtes, patriotes et mobilisés pour la survie de ce journal dont chacun de nous en tire une grande part de fierté et d'orgueil. Même une vulgaire épicerie ne peut équilibrer ses comptes en un laps de temps aussi court. L'exemple, il faut le dire bien fort, a de quoi faire fuir les potentiels investisseurs tant nationaux qu'étrangers. Ils demeurent tous soumis au diktat des hommes et des institutions qui évoluent allègrement en marge des lois algériennes. La tentative de mise à mort de six journaux algériens, et non des moindres, n'a signifié rien moins qu'une condamnation anticipée du fameux plan de soutien à la relance économique.