Devant l´imbrication des champs de batailles et de leurs enjeux, Ouyahia ne fait que gagner du temps. «Nous sommes optimistes». Cette phrase a été balancée par le chef du gouvernement, M.Ahmed Ouyahia, à des journalistes qui l´interrogeaient sur le dialogue du gouvernement avec le mouvement citoyen. Ce positivisme peut-il déboucher sur du concret ou n´est-il qu´une manière comme une autre de répondre à des confrères sur un sujet à la fois sensible et qui a tardé à connaître une issue? D´ailleurs, les trois appels au dialogue du pouvoir en direction des délégués du mouvement des ârchs, depuis que Ouyahia est aux Affaires, n´ont jusqu´à présent pas été matérialisés sur le terrain en dépit des dates limites théoriques qui ont été programmées à cette fin. Prononcée sur fond d´ouverture cette semaine des sessions d´automne des deux chambres du Parlement (Sénat et APN), cette déclaration coïncide et consacre de facto la rentrée institutionnelle. Mais pas encore celle sociale. Les écoliers et leurs profs sont dans la phase de préparation de leur retour dans les infrastructures scolaires et éducatives durement malmenées cette année dans les wilayas du Centre par le terrible séisme de mai dernier. Des retards ne sont pas à exclure dans le secteur malgré les promesses des pouvoirs publics. Dans le même temps, le monde du travail attend avec impatience sur quoi va déboucher la fameuse bipartite entre l´Exécutif et la centrale syndicale UGTA de cette fin de semaine. Quant à la rentrée politique ou plus exactement politicienne, les joutes électoralistes de celles-ci et leurs manoeuvres n´ont jamais cessé depuis le début de cette année. En fait, sur ce plan, tout tourne autour de l´échéance de la présidentielle du printemps prochain. Les acteurs qui tireront les ficelles de cet évènement ou qui l´animeront commencent dès à présent à se manifester sur la scène nationale. Et, tous leurs faits et gestes sont interprétés désormais comme obéissant à cette seule logique de conquête du pouvoir. Il faut dire, que malgré le fait que pour une fois le chef du gouvernement semble n´être pour rien dans la guéguerre FLN-Présidence dont les origines seraient antérieures à son arrivée à la tête de l´Exécutif, il risque d´y être impliqué par ricochet au fur et à mesure que les enjeux de ce feuilleton s´amplifient et se précisent. Comme il a, à gérer, outre ce dossier des ârchs, l´interminable bras de fer avec la presse dite privée et indépendante qui a vécu durant cet été 2003 sous ses ordres, une nouvelle et énième suspension pour 6 de ses quotidiens comptant parmi les plus lus dans le pays. Et, du reste, certains délégués de ces mêmes ârch ont dès le début de cette crise journaux - imprimeries de l´Etat pris fait et cause pour la presse et décrété la reparution des journaux interdits d´impression comme préalable à tout dialogue avec le gouvernement. Dans ces conditions, le harcèlement policier et judiciaire des quotidiens qui ont pourtant payé rubis sur ongle se poursuivant, les observateurs réduisent à sa plus simple expression cet optimisme déclaré du chef de l´Exécutif, non seulement à propos de cette question du mouvement citoyen mais encore davantage quand il s´agit des autres dossiers en suspens actuellement. Devant l´imbrication de tous ces champs de batailles et de leurs enjeux, certains connaisseurs de la personnalité d´Ahmed Ouyahia, vont même jusqu´à dire que le chef de l´Exécutif ne fait que gagner du temps. L´objectif sacré pour lui et pour son patron, est de ne permettre aucun parasitage sur des élections présidentielles déjà vues comme celles de toutes les éventualités.