«La nature des relations avec la classe politique, avec les ONG ainsi qu'avec M.Madani Mezrag» était au coeur des questions posées par la police. 16 chefs d'inculpation ont été retenus contre le directeur du quotidien oranais Er-Raï. Après avoir été interpellé, jeudi par les services de la sûreté de la wilaya d'Oran, M.Ahmed Benaoume a été présenté, devant le parquet hier matin. A préciser que cette interpellation fait suite à une série de plaintes émanant de la part de l'Opgi d'Oran, des services agricoles, ceux des Domaines, de l'hydraulique ainsi que de l'APC d'Es-Senia pour «appropriation et occupation illégales de biens publics» et «faux et usage de faux». M.Ahmed Benaoume, directeur gérant de la société «Rai El Aam», éditrice des journaux Er-Rai, «Le journal de l'Ouest» et l'hebdomadaire «Détective», dont l'état de santé reste préoccupant, devait répondre aux questions du juge d'instruction dès le début de la matinée. Parmi les faits reprochés au mis en cause, figurent «l'acquisition frauduleuse d'un bien appartenant à la Société algérienne de fabrication de plastique (Sacop) à Haï Othmania (ex-Maraval), d'un terrain agricole de 1,6 hectare et un autre lot de terrain, situés tous deux, dans la commune d'Es-Senia». Il faut signaler que l'ex-directeur de l'Opgi d'Oran et le subdivisionnaire de l'agriculture de la daïra d'Es-Senia ont été, eux aussi, appréhendés alors que le directeur de la Sacop est actuellement en fuite. Les mis en cause ont été déférés hier devant le juge d'instruction juridiquement compétent. Des sources sûres ajoutent que «l'enquête, déclenchée par les services de police se poursuit et «devrait révéler d'autres appropriations illicites». La majorité des observateurs est dubitative sur les raisons qui ont poussé les services de police à procéder à l'interpellation de M.Benaoume sans un envoi préalable de convocation. Les mêmes observateurs se sont également posés des questions sur la procédure engagée par les services de police affirmant que «le choix du moment remet en avant les différends opposant le chef de sûreté de wilaya. Sinon, pourquoi ressortir des dossiers vieux de plusieurs années?». «La nature de l'interrogatoire était purement politique», indique avec indignation un des proches collaborateurs du directeur. Selon ce dernier, «les policiers ont interrogé M.Benaoume sur les relations entretenues avec les acteurs politiques, les ONG ainsi que Madani Mezrag». Selon les propos du directeur, rapportés par son directeur de publication «les magistrats se sont retrouvés devant un dossier vide, ce qui les a amenés à trouver un compromis. Ils devraient opter pour sa mise sous contrôle judiciaire». Les journalistes et responsables du quotidien espéraient voir libérer M.Benaoume, hier en fin de journée. Ce dernier, loin de baisser les bras, promet de venir à Alger pour y animer une conférence de presse et y révéler «les raisons de cette cabale montée de toutes pièces par le chef de la sûreté de wilaya d'Oran».