Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), basé à Londres, 200.000 personnes manifestaient notamment à Homs, dans le centre du pays. Les militants pro-démocratie syriens manifestaient hier massivement pour dénoncer l'inaction de la Ligue arabe, Moscou dévoilant, de manière inattendue, un projet de résolution à l'ONU dénonçant les violences commises en Syrie «par toutes les parties». Pendant ce temps, la répression de la révolte contre le régime du président Bachar Al Assad ne fléchissait pas, faisant deux nouvelles victimes parmi les civils vendredi. Selon une estimation de l'ONU, les violences ont fait plus de 5000 morts depuis la mi-mars dans le pays. La Russie, qui refusait jusqu'à présent toute sanction contre Damas, a présenté jeudi un projet de résolution au Conseil de sécurité. Le projet russe insiste toujours sur les mêmes points qu'Européens et Américains rejettent, car il continue de faire référence à la violence perpétrée «par toutes les parties, y compris l'usage disproportionné de la force par les autorités syriennes», selon les analystes. La secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, a d'ailleurs indiqué que si Washington était prêt à travailler sur la base de la proposition russe, cette dernière contient «des éléments que nous ne pourrions pas soutenir», comme «l'apparente parité» entre les forces de l'ordre et l'opposition. «Moscou ne pourra pas être confronté à l'Occident longtemps. Par son soutien au régime syrien, la Russie apparaît comme si elle défend l'assassin», a affirmé l'opposant syrien Bassam Jéara, basé à Londres. Alors que la révolte populaire est entrée dans son dixième mois, de nouvelles manifestations avaient lieu à travers le pays sous le slogan «la Ligue arabe nous tue», notamment près de Damas, à Idleb (nord-ouest) et à Deir Ezzor (est). Les opposants estiment que les délais arabes accordés, avant de prendre des mesures contre la répression, «donnent le temps au régime pour tuer davantage de Syriens». Pour tenter d'empêcher les manifestations, les forces du régime étaient «déployées massivement près des mosquées» à Douma et Kafar Batna près de Damas, Homs, Hama (nord), Deir Ezzor, Banias et Lattaquié (nord-ouest), ont indiqué l'OSDH, basé à Londres, et les Comités locaux de coordination (LCC), qui chapeautent les manifestations sur le terrain. La région d'al-Loujat à Deraa (sud) est «pilonnée aux mitrailleuses lourdes et canons de chars depuis ce matin», selon les mêmes sources. Un civil a été tué par les forces de sécurité dans le quartier de Deir Balaa, à Homs, un haut lieu de la contestation, encerclé par l'armée depuis plusieurs semaines, a rapporté l'OSDH. Un autre civil, blessé à l'aube par les forces armées, est mort dans la ville de Hirak à Deraa. Par ailleurs, le Conseil national syrien (CNS), qui représente la majorité des courants d'opposition, se réunit pendant trois jours à Tunis pour accélérer la chute du régime, jugée inévitable. «Assad est fini, la Syrie deviendra démocratique et le peuple sera libre quel qu'en soit le prix», a déclaré le dirigeant du CNS Burhan Ghalioun à la veille de l'ouverture du congrès, qui a commencé hier soir. «Il faut unifier l'opposition pour lui donner plus de forces. Nous devons achever ce congrès avec plus d'organisation, plus d'orientations claires, plus d'énergie», a-t-il poursuivi, alors que quelque 200 membres du CNS sont attendus dans la capitale tunisienne. La réunion de la délégation arabe en charge du dossier syrien initialement prévue aujourd'hui au Caire aura lieu de son côté à Doha, tandis qu'une réunion de l'ensemble des ministres arabes prévue le même jour est reportée sine die, a annoncé jeudi le N.2 de la Ligue arabe Ahmed Ben Helli. M.Ben Helli a assuré que parallèlement les négociations se poursuivaient afin d'amener Damas à signer le plan arabe de protection des civils qui prévoit notamment l'envoi d'observateurs en Syrie pour juger de la situation sur le terrain et tenter de mettre fin à la répression.