La tendance est à la reparution successive et progressive de tous les journaux interdits d'impression depuis 2 semaines. La crise entre les imprimeries d'Etat et les journaux privés encore suspendus (L'Expression, Le Soir d'Algérie et Er-Raï) est-elle sur la voie de connaître sa fin? Aux dires des responsables de ces trois journaux toujours sous le sceau de la décision des sociétés d'impression étatiques, l'évolution du conflit tire beaucoup plus vers le dénouement de ce dernier avec en perspective la reparution normale des journaux restants que vers un raidissement ou un blocage de la situation. Cette normalisation progressive des rapports commerciaux entre éditeurs et imprimeurs n'a été possible que parce que toutes les parties concernées de près ou de loin par le contentieux, pour ne pas dire la crise, auraient mis un bémol aux exigences des uns et aux doléances des autres. Le compromis aurait été donc trouvé afin de ne pas faire perdre la face à aucune partie. Néanmoins, cela ne veut pas dire pour autant que toutes les entraves et incertitudes qui planent sur ces publications sont dissipées. Ainsi, selon Ahmed Fattani, directeur de publication de L'Expression, le journal sera chez les buralistes à partir de ce lundi, surtout si l'Anep commence à honorer ce qu'elle doit à cette publication comme recettes publicitaires (de l'ordre de 5 milliards de centimes). Un apport financier appréciable qui permettra au journal de payer progressivement ce qu'on lui réclame comme dettes d'impression (de l'ordre de 15 milliards de centimes). Situation identique au Soir d'Algérie qui, selon son rédacteur en chef, Badredine Manaâ, aurait obtenu l'engagement de l'Anep de lui reverser les 3,5 milliards de centimes qu'il réclame.Il faut mentionner à ce propos que ce responsable du Soir d'Algérie «récuse» le terme de dettes et parle plutôt de «sommes exigées» qui s'élèvent, selon lui, à près de 6 milliards de centimes. Il n'empêche que M.Manaâ nous a informé que le différend avec les imprimeries de l'Est et de l'Ouest est réglé. En revanche, le journal a engagé une action judiciaire contre la SIA (imprimerie du Centre) pour violation de contrat et réparation de préjudices subis. D'ailleurs, l'affaire sera auditionnée auprès du tribunal d'El Harrach à partir de demain. Quant au quotidien Er-Raï dont les dettes s'élèvent, selon son chef de bureau d'Alger, M.Marouane Louanas, à environ 13 milliards de centimes, les perspectives de parution sont également situées pour le milieu de la semaine, puisque selon lui, les chèques de paiement auraient déjà été remis depuis mercredi dernier aux responsables des imprimeries SIA et SIE. Pour cette publication qui fait partie d'un groupe de presse qui édite outre ce quotidien, sa version en arabe, Le Journal de l'Ouest et l'hebdomadaire Détective, le blocage de la situation est tenace surtout à l'Ouest où les deux dernières publications ont respectivement 400 millions et 90 millions de centimes. Dans l'ensemble, selon les responsables de quotidiens de presse non encore aptes à être imprimés, au-delà de ces chiffres, c'est la question des rapports presse écrite privée-imprimeurs qui devra être redéfinie, sinon réactualisée. Mieux, selon certains d'entre eux, ce sont ceux qui ont pris la décision de faire cesser l'impression des journaux qui doivent décider de les faire reparaître ou du moins encourager vers cette issue. Cela est-il pour bientôt? Les prochains jours apporteront la réponse.