Le Matin et Le Soir d'Algérie nous ont accompagnés tout au long de cette dure épreuve. L'Expression, grâce à la solidarité sans faille de la plupart de ses confrères, n'a jamais perdu le contact avec ses lecteurs. Outre l'internet, grâce auquel il lui a été possible de rester présent à travers une édition quotidienne de qualité, notre journal a reçu, dès les premiers jours de sa suspension, la bienveillante hospitalité du journal El-Watan. Pendant plusieurs jours, ce journal nous a offert un espace pour y insérer un article quotidien. Dans le même temps, de nombreux quotidiens, dont nous ne partageons pas forcément la ligne éditoriale, mais qui restent attachés à la liberté d'expression et pensent que cette suspension est avant tout politique, sont venus régulièrement aux nouvelles, nous consacrant de larges passages dans leurs écrits relatifs à cette affaire. Mais l'élan de solidarité le plus grand, le plus important, qui doit être salué avec force, est bien celui des quotidiens Le Matin et Le Soir d'Algérie. Ces derniers, dès leur retour sur les étals, encore affaiblis financièrement et faisant l'objet de graves harcèlements judiciaire et policier, ne s'en sont pas moins montrés à nos côtés. Ils nous ont toujours accordé une page dans leurs éditions, ce qui représente un geste des plus significatifs sur le plan politique. Cela nous a, en outre, permis d'avoir un contact direct et quotidien avec nos lecteurs. Nous tenons à apporter nos plus sincères remerciements à ces marques de soutien et de solidarité qui nous ont aidés à tenir le coup face à l'adversité. Notre journal, jeune publication, âgée de deux ans et demi à peine, avait besoin de ce genre d'élan, outre ceux des milliers de lecteurs, dont les messages électroniques, les visites et les lettres de soutien nous ont permis de confirmer qu'en dépit de la rude concurrence, nous avons réussi à nous tailler une place de choix dans le paysage médiatique en un temps record. La presse algérienne, à travers cette énième crise, entièrement confectionnée par le pouvoir en vue de la museler, a prouvé qu'elle a atteint la maturité qui, bien souvent, lui avait fait cruellement défaut par le passé. Les clivages liés aux différentes lignes éditoriales ont été mis de côté face aux périls, menaçant la liberté d'expression dans son intégralité. Le nombre important de titres et de lignes éditoriales est une richesse, un motif de fierté et non pas de luttes intestines. Non seulement le pouvoir a perdu cet autre bras de fer avec la presse privée, mais il a également obtenu l'effet inverse en créant un resserrement des rangs de la corporation, soutenue par la société civile, tout simplement inimaginable quelques jours ou semaines avant ces mesures de suspension. Pour un peu, n'était le tragique de cette situation, nous serions tentés d'en remercier le pouvoir pour ses erreurs de calcul et de stratégie qui ont constitué de nouveaux et précieux acquis en faveur de la démocratie et de la liberté d'expression.