Cette période n'a pas été une sinécure pour chacun des travailleurs de L'Expression. Enfin L'Expression renaît de ses cendres, ou plutôt d'une absence imposée par l'arbitraire pour retrouver ses fidèles et nombreux lecteurs. C'est tout le collectif de ce quotidien qui sort grandi de cette expérience, la première en moins de trois années d'existence. Cette éclipse fut courageusement vécue par les journalistes. En plein été donc, en professionnels aguerris, les éléments de l'Expression ont traversé cette épreuve dans la dignité. «Le coup qui ne brise pas ton dos le raffermit» atteste Salim Benalia qui s'apprête à enquêter sur la fameuse maladie mystérieuse appelée «muguet». Amina opte pour la loi de finances 2004. Les journalistes des rubriques sportive et culturelle préparent leurs papiers avec une rare frénésie. «Nous sommes un journal d'information, nous devons donc nous intéresser à l'actualité nationale pour ce premier numéro de la reprise», tiennent à rappeler des responsables. Tout le monde est d'accord sur ce point, mais la part du lion sera consacrée évidemment à la suspension. Les idées ne manquent pas. L'inspiration est à son comble. L'idée d'écrire sur ce sujet semble séduire les journalistes. Fattani intervient. «Des parties n'ont pas cru à notre reprise, nous avons démontré le contraire grâce à la solidarité de l'équipe». Une solidarité qui a brillé par sa présence tout au long de la suspension. «C'est vrai que parfois nous avons eu des moments de doute qui se sont vite éclipsés après que la direction ait payé les 12,5 milliards. Il faut le reconnaître. C'était une assurance pour nous,» précise Brahim Takheroubt. Le pouvoir, certes, a réussi à suspendre le titre, mais cette machine n'a pu atteindre les esprits. L'espoir de reparaître ne faisait pas de doute pour nous, et nous étions convaincus que ce n'était qu'une question de temps. Ce dernier a fini par nous donner raison. Un mois durant, le climat est resté très détendu. Plus que d'habitude même. Plaisanteries, blagues et petits coups sympas n'ont pas cessé, resserrant plus que jamais les rangs de cette équipe bien résolue à triompher de l'adversité et d'aller toujours de l'avant. Cette période n'a pas été une sinécure pour les journalistes. La rédaction a gardé les mêmes habitudes. Réunion à 9h30, remise des papiers avant 17h00. Une seule préoccupation régnait dans les locaux du journal: la reprise sera-t-elle pour demain? Le journal a été fait quotidiennement, comme s'il devait sortir le lendemain. Le contact a été maintenu avec nos lecteurs via notre édition électronique, mais aussi la page gracieusement mise à notre disposition par les responsables du Matin et du Soir d'Algérie. Cela nous a permis de dénoncer la suspension arbitraire dont nous étions les victimes. Nous avons apporté les preuves irréfutables que le blocage qui nous touchait n'avait rien de commercial et était, au contraire, exclusivement politique. Par ailleurs, nous avons continué de couvrir tous les évènements importants. «Tu mentionnes que j'ai couvert durant toute la journée la réunion du bureau politique du FLN» insiste Brahim Takheroubt. Les visites du président, la bipartite, la conjonctivite... Tous ces sujets ont été traités par les journalistes, malgré la suspension. Des exclusivités concernant le dialogue avec les archs, ainsi que les résultats de la bipartite ont même livré à nos lecteurs dans notre édition électronique. En pleine suspension, la rédaction préparait la reprise. Des dossiers ont été arrêtés et dispatchés aux journalistes. Le démarrage devait se faire sur les chapeaux de roue. Aujourd'hui, nous reprenons plus fort que jamais. Cette suspension n'est plus qu'un mauvais souvenir. Une épreuve dépassée avec succès par la rédaction.