Le secrétaire général du FLN écarte un «raz-de-marée» des courants islamistes en Algérie en estimant qu'ils ne dépasseront pas les 35% lors des prochaines législatives. Porte ouverte aux islamistes. Le secrétaire général du FLN est favorable à l'adhésion des repentis dans sa formation. «Ils sont les bienvenus au FLN», a clairement répondu Abdelaziz Belkhadem, lors d'une conférence de presse tenue hier au siège du parti. Interrogé par L'Expression sur la question de savoir si le FLN va accepter l'adhésion de repentis, le secrétaire général du FLN l'a envisagé indirectement en indiquant: «Le Front islamique du salut était un parti agréé et il a été dissous. Ses responsables sont interdits d'exercer la politique comme le définit la loi et ses militants existent partout au RND et au MSP, pourquoi pas au FLN?», dans un appel du pied sans ambages. Le secrétaire général du FLN a rappelé que ces personnes ont bénéficié du dispositif de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale. Ainsi, le parti majoritaire lance une invitation directe à l'adresse des anciens militants de l'ex-FIS à rejoindre ses rangs. Le retour des repentis à la vie politique se confirme davantage. La déclaration de numéro 1 du FLN apporte un nouveau élément qui clarifie quelque peu la donne. A l'exception des responsables politiques du FIS dissous, ses autres adhérents pourraient renouer avec la chose politique. L'article 4 de la loi sur les partis politiques le définit très bien. Cet article stipule que «le droit de créer un parti ou d'adhérer à ses structures est interdit à tout responsable qui a mené à la tragédie nationale». Comme il dit: «Il est interdit de ce droit (créer un parti ou adhérer à un autre) toute personne ayant participé à des actes terroristes et qui refuse de reconnaître sa responsabilité dans la tragédie nationale». Les chefs militaires qui ont déposé les armes peuvent, semble-t-il, à tout moment rebondir sur scène en créant un nouveau parti politique ou en adhérant à d'autres formations. Par ailleurs, M.Belkhadem a écarté la thèse d'un «raz-de-marée» des courants islamistes lors des prochaines élections législatives. «Les courants islamistes ne dépasseront pas au total les 35% lors des prochaines élections», a-t-il estimé, sûr de lui. Aiguisant ses arguments, le chef de file du FLN avance que le courant islamiste de Rabat à Jakarta n'a pas dépassé les 40%. S'en tenant au contexte régional, M.Belkhadem a indique que l'Algérie n'est pas la Tunisie ou le Maroc.«Le courant islamiste était dans l'opposition depuis longtemps en Tunisie, au Maroc et en Egypte», a-t-il rappelé en précisant: «En Algérie, nous avons le courant islamiste au pouvoir et dans l'opposition.» Dans ce contexte, le secrétaire général du FLN écarte la reproduction du scénario de 1990 lors des prochaines élections. «Nous avons eu l'expérience en 1990», a-t-il rappelé, en faisant allusion à la tragédie nationale. Avant de clore ce sujet, M.Belkhadem a tenu à «rassurer»: «Nous n'avons aucune appréhension», fait-il ainsi savoir. Même si le scénario de 1990 est loin de se reproduire, il n'en demeure pas moins que le courant islamiste est très fort. Les partis de la mouvance islamiste multiplient leurs efforts pour s'assurer la victoire lors des prochaines législatives. A trois mois des élections, tout est possible. L'Algérie peut ne pas faire l'exception. Dans le contexte prévalant actuellement dans le Monde arabe, un tel cas de figure, c'est à dire l'arrivée des islamistes au pouvoir, n'est pas, en tout état de cause, impossible. De fait, le secrétaire général du FLN ne s'oppose pas à une alliance avec les partis islamistes. Pour obtenir la majorité, M.Belkhadem n'exclut pas la possibilité de s'allier avec un parti islamiste. «Dans la politique, c'est donnant-donnant», a-t-il répondu avec un sourire qui en dit long... M.Belkhadem a eu à répondre à plusieurs questions. Au sujet de l'Alliance présidentielle, M.Belkhadem a défendu son existence. «Jusqu'à preuve du contraire, l'Alliance n'est pas dissoute», a-t-il réagi balayant d'une pichenette toutes les rumeurs. Il a tenu à expliquer que l'alliance présidentielle n'est pas une fusion de trois partis politiques et qu'elle a été créée pour réaliser le programme du Président. M.Belkhadem a fini par reconnaître que les divergences entre les partenaires sont nombreuses. «Chaque parti a sa vision partisane», a-t-il répondu en guise de justification au rejet, par le MSP de trois projets de lois sur les associations, les partis politiques et l'information.