Abdelaziz Belkhadem ne croit pas à un raz-de-marée islamiste en Algérie. Le secrétaire général du Front de libération nationale, qui a animé une conférence de presse à Alger, a avancé que «le réservoir électoral des islamistes ne dépasse pas, à mon sens, les 35%. Cela reste un avis personnel».Il est allé plus loin dans son analyse de la percée islamiste dans la région. Selon lui, «l'Algérie a déjà connu un raz-de-marée islamiste entre 1990 et 1991», lorsque le Front islamique du salut (FIS-dissous) avait raflé les élections locales de 1990 et législatives de 1991. Pis, le représentant personnel du Président de la République a indiqué qu'il avait prévu ce score, y compris dans les pays voisins. «J'avais dit, lors de l'université d'été du parti, que dans tout le monde musulman, le réservoir électoral des islamistes se situe dans le meilleur des cas autour de 35 à 40% de l'électorat», s'est-il vanté. «Et puis, dans les pays voisins, les islamistes ont toujours été dans l'opposition. Par contre, chez nous, ils sont même dans l'Alliance présidentielle», a-t-il dit. Interrogé sur la possibilité d'une coalition avec un parti islamiste si ce dernier arrive au pouvoir, Belkhadem répondra que «cela dépendra des négociations». Le FLN pourra-t-il accueillir des éléments de l'ancien parti dissous ? Oui, répond Belkhadem sans ambages. Pour lui, «ces gens-là ne sont pas des militants du FIS à partir du moment où ce dernier n'a plus d'existence légale. En plus de cela, d'anciens militants du parti dissous sont présents dans toutes les formations politiques». Il exclut, cependant, «ceux qui sont visés par les articles de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale». «Je le dis tout de suite : nous n'avons aucune appréhension quant aux prochaines élections législatives et locales». Le secrétaire général du FLN répond ainsi à la fois à ceux qui brandissent la menace de nouveaux partis politiques et ceux qui mettent en avant l'épouvantail du mouvement de redressement. «Nous disons bienvenue à tout nouveau parti politique agréé», a-t-il déclaré, tout en rappelant qu'«un système purement parlementaire peut provoquer l'atomisation du Parlement et fragiliser le gouvernement». Quant aux redresseurs, il a tout simplement rappelé que «certains de ceux qui s'expriment publiquement n'ont été élus que grâce au concours du parti. De là à se porter sur des listes indépendantes, je ne suis pas sûr qu'ils puissent se faire élire», a-t-il ironisé. Il a, par contre, tendu la main, de nouveau, à ceux qu'il continue de considérer comme «cadres du parti». Abdelaziz Belkhadem dément que son parti saborde les réformes politiques en cours. «Nous sommes le parti majoritaire. La majorité a voté toutes les lois soumises au Parlement», a-t-il fait remarquer. Une remarque qui signifie que, selon lui, son parti a accompagné les réformes présidentielles.Interrogé au sujet de l'Alliance présidentielle, Abdelaziz Belkhadem a rappelé que «l'Alliance présidentielle a été créée pour accompagner le programme du Président de la République. Ce dernier est toujours en cours, ce qui signifie que l'Alliance est toujours là. Pour le reste, je m'interroge comme vous sur le fait que certains n'ont pas soutenu les réformes politiques. C'est une position partisane, chacun a son choix». Un parti de l'Alliance présidentielle, le HMS, a voté contre toutes les lois proposées dans le cadre des «réformes politiques» initiées par Abdelaziz Bouteflika. A. B.