Le célèbre professeur spécialiste du sida exerce dans des laboratoires en France et il compte transférer ses compétences en Algérie. Selon lui, les recentes avancées de la science concernent les nouveaux traitements qui arrivent à contrôler la propagation du virus chez le patient, et ce, en freinant sa multiplication. L'Expression: Professeur Kamel Senhadji, vous avez parlé d'une importante avancée dans le domaine du sida. Qu'en est-il de ces avancées et découvertes pour lutter contre le sida? Kamel Senhadji: Effective-ment. Il y a plusieurs choses qui permettent des résultats immédiats. Qui dit immédiat veut dire des traitements qui aident à maintenir le patient dans un état de santé convenable et une amélioration notable. Et puis, il y a aussi des résultats qui seront à portée plus différée et fondamen-tale comme solutions qui permettront dans un avenir proche une solution radicale contre le sida. Les avancées immédiates, ce sont aussi, les nouveaux traitements qui arrivent à contrôler la propagation du virus chez le patient et ce, en freinant sa multiplication. Cet état de fait arrête automatiquement la dégradation de l'état de santé du patient. L'arrêt de la multiplication du virus VIH/sida, est le résultat de l'arrivée de nouveaux médicaments qui sont mis en place depuis un certain temps. On était dans le traitement de ce que l'on appelle «la trithérapie» mais actuellement on en est à la «quadrithérapie». On aurait pu se passer d'une quatrième molécule «quadruple», mais malheureusement, il y a des échappements et des résistances du virus VIH/sida qui échappe aux traitements. Quand le virus s'habitue à un certain traitement, il développe une stratégie d'échappement qui lui permet de ressurgir de nouveau à chaque fois. C'est pour cela, qu'il y a un quatrième médicament qui constitue la «quadrithérapie» qui permettra de passer d'une espérance de vie de 12 à 15 ans avec l'ancienne trithérapie, a plus de 20 ans de prolongation de la vie du patient grâce à la quadrithérapie. Mais, il faut souligner que le sida touche beaucoup plus les jeunes. Donc en prolongeant la vie d'un jeune de 20 à de 30 ou de 40 et autres de 20 ans, on aura réussi l'essentiel, afin d'échapper à la mort précoce. Voilà ce que l'on a appelé dans notre jargon scientifique et médical l'avancée immédiate. Et pour l'autre avancée? L'autre avancée, c'est celle de la mise en place d'un traitement à moyen et à long terme. Ce sont des traitements qui permettent de mettre en oeuvre des thérapies plus radicales pour éliminer le virus par «la thérapie génique». Ce sera une espèce de piège et de stratégie basées sur des méthodes très intéressantes et très puissantes en efficacité, qui poussent le virus dans son propre piège et à son propre jeu, de manière à s'éliminer un peu de lui-même. Le bien-fondé a été démontré dans les tests chez l'animal de laboratoire. Le passage de cette avancée chez l'homme, constitue une autre étape qui n'est pas immédiate. C'est pour ça que je n'ai pas cité cette donne comme immédiate, parce qu'elle nécessitera encore beaucoup de mises au point qui demandent quelques années qui vont de 4 à 6 ans. Le nouveau médicament est différent du premier qui agit sur le court terme et qui permet d'endormir le VIH, comme je l'ai expliqué au début. Le nouveau médicament «quadruple» anesthésie le virus pendant 20 ans et on peut vivre tranquille pendant tout ce temps, mais a condition qu'il n'y ait pas de rupture ou pénurie de ce traitement. Si jamais un patient arrête son traitement pour une raison ou une autre, le virus VIH/sida se réveille de son anesthésie et se multiplie à grande vitesse en se permettant l'émergence de souches mutantes. Et il suffit d'une seule souche mutante pour que ça redémarre. Et après le réveil du VIH, même si on vous fournit de grosses quantités de médicaments, ça n'aura aucune efficacité à cause de l'interruption du traitement. Et ce sera dommage pour le patient. Ce nouveau médicament est-il disponible dans les structures hospitalières en Algérie? En Algérie, je crois que ces médicaments sont disponibles dans les structures hospitalières. Il faut savoir que ces médicaments sont contrôlés. Le traitement se met en place en fonction de l'état virologique du patient. C'est-à-dire, pour bénéficier d'un tel traitement, on voit la quantité du virus qu'il y a dans l'organisme et on voit en même temps les défenses et les réponses immunitaires des globules blancs. S'ils (globules) sont affaiblis ou pas. S'il y a une quantité de virus VIH/sida importante, un nombre de cellules et globules plus bas, on vous donne le traitement. Et si l'on voit le nombre de globules blancs élevé et la charge virale modérée, vous contrôlez votre infection de vous-mêmes. Ce qui veut dire que le traitement est dispensé automatiquement par les centres hospitaliers. Dans les deux ou trois mois qui suivent, selon la prescription médicale, il y a contrôle de l'évolution de l'état de santé du patient, le traitement est donné automatiquement. En France, cela se passe de la même manière. Les premières prescriptions se font à l'hôpital. Quand on voit que ce traitement est efficace chez soi, on n'a plus besoin de revenir à l'hôpital pour prendre le traitement. Il suffit de présenter l'ordonnance hospitalière pour renouveler le traitement chez les pharmaciens. En Algérie, actuellement, je ne pense pas que ce traitement soit disponible. Il est donné uniquement dans les pharmacies hospitalières. Mais toujours est-il, d'après ce que je sais, ce n'est pas tout le monde qui a accès à ce traitements à cause de l'insuffisance des quantités importées. Je suppose que le budget accordé par Etat ne suffit pas pour répondre aux besoins du nombre des patients atteints du VIH/sida. Ces derniers temps on parle de régression de la recherche scientifique et médicale à cause de la crise mondiale. Qu'en est-il justement de cette situation? Hélas! La crise économique mondiale touche tout le monde à cause de ces situations. En effet, en ce qui nous concerne, cela se fait sentir. Et malheureusement, les programmes de recherche sont aussi au ralenti. Même si l'Etat français est touché par la crise, il essaie de ne pas trop léser la recherche scientifique, parce que l'on sait d'avance que les résultats et les retombées de la recherche scientifique constituent toujours une possibilité de création de richesses. Les découvertes peuvent apporter de nouvelles solutions aux problèmes et un autre aspect qui va permettre un développement continu, voire résoudre tel ou tel problème. Par exemple, encourager les biotechnologies, fabriquer plus et mieux les produits agroalimentaires etc. On est à 7 milliards de personnes sur la Terre. Les surfaces cultivables ne seront pas toutes suffisantes pour répondre aux besoins de l'alimentation. Donc, on est obligés d'innover, inventer comme cela s'effectue actuellement dans le secteur agroalimentaire, la santé et autres, et ce, malgré la crise qui touche les pays. Il faut encourager le secteur de la recherche scientifique. Ce sont ces recherches biotechnologie qui permettent de ne pas faire appel à de grandes technologies de biochimie et autres. C'est à partir de cellules biodomestiques que l'on peut fabriquer des gènes en culture et de grosses quantités de médicaments pour répondre aux besoins de la santé publique. Cela coûtera beaucoup moins cher pour la vie humaine. Car, tôt ou tard, les résultats de la recherche scientifique et médicale auront des implications intéressantes et directes sur les Etats et les populations. L'Algérie doit se mettre rapidement à la biotechnologie qui peut résoudre pas mal de problèmes, ou du moins alléger les systèmes lorsque les moyens seront limités pour profiter des résultats de la recherche scientifique. Cela nous permet d'avoir des ressources dans les différents domaines d'activités comme le biocarburant, la biodépollution et autres qui répondent aux besoins du pays. Justement, on parle d'un producteur d'huile sauvage (avec brevet de l'Inapi), qui pourrait guérir le sida, qu'en est-il des résultats de la médecine traditionnelle? Oui, je suis sûr qu'il ya des moyens thérapeutiques et des possibilités qui ont une activité réelle et efficace dans un certain nombre de maladies. On voit quand même dans l'ancien temps de la médecine grecque, chinoise pharaonique et dans d'autres civilisations qui ont obtenu des résultats positifs et on se soignait bien grâce à la médecine traditionnelle. On voit aussi des extraits de plantes, des extraits d'huiles des miels et j'en passe. Le bien-fondé, je ne peux pas le nier. Mais le problème se situe dans le danger que peuvent représenter certaines plantes. C'est cela qui a quelque peu limité la généralisation et la mise en place automatique de tel ou tel traitement traditionnel. C'est pour cela que la médecines et la pharmacie sont devenues une science et qui ne sont tout de même pas complètement fermées à d'autres genres de médecine traditionnelle par les plantes ou les huiles. Mais pour éviter la toxicité et autres risques, il y a une démarche scientifique dans la mise en place de tout traitement quel que soit son origine chimique ou biologique. C'est le respect des procédures médicales. D'abord, montrer la formule de ce produit, les quantités exactes et ce qu'il ya dans une prise de médicament qui revient plusieurs fois. Mais dans les plantes médicinales et autres ce n'est pas toujours la même quantité que l'on consomme. Parfois, c'est efficace, parfois, c'est toxique. Le problème, c'est qu'il faut identifier le produit pour voir et connaître ce qu'il contient. Les composants du produit etc. De prime abord, l'huile n'a aucun effet secondaire. Une fois qu'il n'y a pas de problème de toxicité, l'essai est ouvert sous précaution médicale qui doit être obligatoire, afin de démontrer l'efficacité des produits en question. Maintenant, il est évident que les laboratoires doivent se rapprocher de la médecine traditionnelle, afin de rationnaliser et de s'assurer que les produits sont fiables. Je suis tout à fait d'accord avec vous, lorsque l'on parle du rapprochement des deux médecines traditionnelle et moderne. L'on doit justement se rapprocher du secteur de l'industrie médicale ou pharmaceutique, afin de faire la part des choses. Et qu'elles soient complémentaires afin d'apporter une valeur ajoutée pour la santé dans les meilleures conditions. Je suis sûr qu'il y a des ressources énormes dans la nature qu'on n'a pas encore explorées et exploitées.