Hier à la résidence d'artistes, Dar Abdellatif Les ateliers d'écriture de scénario et de montage qui ont pris fin hier, ont fusionné exceptionnellement pour faire corps, symbole de cette nécessaire complémentarité entre ces deux disciplines pour la «fabrication» d'un film. C'est ainsi que s'achève le cycle de films consacré aux réalisateurs algériens formés en Belgique. Une première édition dont la rétrospective cinématographique a échu au cinéaste Brahim Tsaki surnommé souvent par la critique comme «le Poète de l'image». Vendredi c'est avec son dernier film Ayriwen, sorti en 2007, que ce cycle fut clôturé. Projeté en retard, ce merveilleux long métrage narre l'amour impossible dans un décor hostile et corrompu par la population des âmes et du désert. Une idylle entre ce Targi, Amayas et une jeune Européenne, qui n'est pas sans rappeler l'histoire d'amour fragile et innocente entre ces deux adolescents dans son précédent film Histoire d'une rencontre. Le croisement socioculturel étant légion dans la filmographie de Tsaki, normal eu égard à sa propre vie... Dans la matinée, ce sont les ateliers organisés en parallèle par l'Aarc qui ont pris fin dans la joie et la bonne humeur. L'un se rapportant à l'écriture de scénario encadré par Brahim Tsaki et le second au montage vidéo sur final cut pro et encadré par son fils Habib. Exceptionnellement, les deux ateliers ont fusionné pour faire corps, symbole de cette nécessaire complémentarité homogène entre ces deux disciplines pour la «fabrication» d'un film à proprement dit. Qu'est-ce qu'un scénario? Quels sont les différentes phases de son écriture? Qu'est-ce qu'un synopsis et un séquencier, notamment? Mais comment gérer des contrats, planifier son travail et autres éléments rébarbatifs mais bien importants dans la production de tout type de films, sont les quelques problématiques abordées durant ces cours, exercices pratiques à l'appui pour mettre amplement la main à la pâte et toucher du doigt l'objet du workshop. La combinaison, artistique/technique est en effet incontournable. S'étalant sur cinq jours, du 26 au 30 décembre, ces journées dédiées au cinéma de Tsaki, ont été un point nodal dans l'incitation à cette découverte du métier; bien que cinq jours, a confié le cinéaste Tsaki, sont peu pour se familiariser et connaître de fond en comble les rouages de l'écriture scénaristique, de façon approfondie et encore mieux professionnelle. Il aurait fallu, selon lui, trois mois peut-être pour que l'initiation soit complète. Bien que modestes, en effet, ces ateliers n'ont pas la vocation de se substituer à la formation pédagogique dans les instituts, nous révélera en aparté Wahiba Ghanem, chef de service échange culturel et communication au sein de l'Aarc; mais, ajoute-t-elle: «Elle contribuera on l'espère, à inspirer ces jeunes en les poussant à la réflexion. On sera réellement satisfait lorsque ces jeunes aboutiront à la réalisation de leurs films. Notre rôle n'est que secondaire et vient en amont au cursus pédagogique. Bien que de nombreuses écoles de cinéma existent de par le monde, vous remarquerez que ce genre d'ateliers sont monnaie courante en Europe et ailleurs. C'est bien que cela existe, car ça ouvre la voie à tous les passionnés de cinéma, toutes catégories professionnelles confondues. Nous sommes contre le cloisonnement, mais ouverts à l'échange pour un meilleur apprentissage qui se veut ouvert, en toute convivialité et rapprochement. On espère que ces ateliers auront apporté leurs fruits escomptés et satisfaction auprès des jeunes qui y ont pris part.» C'est le cas pour cet étudiant, en troisième année, spécialité: assistant réalisateur à l'Ismas de Bordj El Kiffan lequel nous confiera sa satisfaction quant au suivi de l'atelier d'écriture de scénario. Ayant comme projet un documentaire, Amine Hamili dira sortir de cet atelier avec une idée concrète sur comment écrire un scénario, des données capitalisées beaucoup plus selon lui que ses trois années dans son institut, sachant que le module «scénario» est ici au programme... «C'était bénéfique pour moi, car j'ai pu raconter mon projet et l'améliorer en apprenant un peu plus des intervenants». Pour Brahim Tsaki, ces ateliers, «ce n'est pas une école de cinéma mais juste un petit séminaire. Je souhaite que cela soit le début pour vous, que ce soit, pour moi, pour vous ou pour lui (son fils Habib Ndlr), c'est dur à faire un film, il faut investir dans sa tête. Allez maintenant chercher par vous-mêmes, plus loin!» dira-t-il en s'adressant aux jeunes stagiaires. Pour Habib Tsaki, il faut toujours être actif et ne pas s'arrêter de bosser, de créer, quitte à filmer des mariages ou autres. L'essentiel est de ramasser de l'argent pour pouvoir l'injecter après dans son projet. «Je suis venu en Algérie parce que j'ai envie de faire des choses ici. Contrairement à nos pères, on a tout à prouver. C'est à nous de prendre le relais...» Les films de Tsaki dans les cinémathèques Pour Nabila Rezaig, responsable du département cinéma au sein de l'Aarc, ces ateliers sont une belle opportunité pour les jeunes de rencontrer nos réalisateurs algériens formés à l'étranger, en les motivant par ce cycle de cinéma. «Bien que la formation n'est pas dans les prérogatives de l'Aarc, faire la promotion du cinéma algérien fait partie par contre de sa mission et on s'en réjouit que les jeunes ont pu se retrouver dans ce lieu et renouer avec cette résidence Dar Abdelatif, destinée en premier lieu aux artistes. Ce fut une première opération pilote et on espère la pérenniser avec l'Ambassade de la Wallonie Bruxelles ou autre partenaire. D'ailleurs, avec ce dernier, nous avons décidé de reconduire l'atelier de montage avec Habib Tsaki pour le prochain cycle de cinéma. S'il y a eu peu de public on peut considérer qu'il en y avait quand même car ceux qui venaient chaque jour ce sont des connaisseurs et des fans de la filmographie de Tsaki. Ils rehaussaient le niveau des débats à la suite de chaque projection.» Notons qu'après Alger, le «Zoom sur Brahim Tsaki» connaîtra en 2012 une prolongation à la Cinémathèque algérienne de Sidi Bel Abbès (5-9 janvier) et d'Oran (5-9 février). Une convention entre l'Aarc et son partenaire, la cinémathèque stipule que toutes les projections organisées par l'Aarc soient reconduites dans toutes les annexes de la Cinématique au niveau du pays. Ainsi, les films de Tsaki seront diffusés dans les différentes wilayas du pays et un large public pourra les apprécier. Une bonne nouvelle donc.