Paris, à l'initiative du maire socialiste Bertrand Delanoê, rendra aujourd'hui hommage aux martyrs algériens d'Octobre 61 par l'apposition d'une plaque commémorative, qui se fera au quartier St-Michel, à Paris, lieu des dramatiques répressions contre la marche pacifique des émigrés algériens (à l'appel du FLN). Cet acte se veut, selon M.Delanoê, «un geste rassembleur, fraternel et apaisant». Les choses n'ont pas été aussi simples, et ne sont toujours pas aussi évidentes pour une droite française - largement impliquée dans les répressions contre les Algériens - qui ne parvient pas encore, quarante ans après ces événements, à assimiler un fait qui relève, aujourd'hui, pour l'essentiel, de l'histoire. La réhabilitation de ce fait d'histoire, - la répression féroce d'une marche pacifique des Algériens de France qui protestaient contre le couvre-feu imposé aux «Français musulmans d'Algérie» par le préfet de police Maurice Papon - se fera donc de façon incomplète, la gauche seule ayant adhéré à l'initiative du maire de Paris. La cérémonie officielle d'apposition de la plaque sur le pont St-Michel à Paris se caractérisera par son extrême sobriété. Aucun discours ne sera prononcé, alors que le texte commémoratif portera la mention: «A la mémoire des nombreux Algériens tués lors de la sanglante répression de la manifestation pacifique du 17 Octobre 1961». Cela dit, même s'il faut relever que la classe politique française, - toujours aussi frileuse - n'arrive pas encore à replacer ces événements dans leur contexte historique, il convient aussi de se féliciter du fait que le combat d'hommes politiques de gauche comme le maire de Paris ou d'historiens à l'instar de Jean-Luc Einaudi a permis de dépasser, peu à peu, les fausses attitudes vis-à-vis des faits et de l'histoire. Car, si la classe politique française refuse encore de reconnaître dans la répression contre les Algériens un «crime contre l'humanité», elle ne conteste plus la gravité des faits dont se sont rendus coupables les services de sécurité français. Il faudra bien qu'un jour la France républicaine assume l'ensemble des crimes commis en son nom lors de la Guerre d'Algérie. Une guerre dont il a fallu quarante-cinq ans à la France officielle pour assumer la réalité. Pour les Français, et notamment pour la génération d'après-guerre, c'est là un incontournable devoir de mémoire.