Le combat de la presse indépendante a fait jonction avec celui des archs à l'occasion d'une conférence-débat sur le thème «Le mouvement citoyen et la liberté de la presse» organisée, hier, à la maison de la Culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou. Cette conférence, animée par un panel d'éditeurs et de journalistes, à savoir Mohamed Benchicou du Matin, Farid Allilat de Liberté, Omar Belhouchet d'El Watan, Idir Benyounès de La Dépêche de Kabylie et Ali Dilem, a été une occasion pour la Cadc d'annoncer «son retour à la protestation après son constat de la volonté affichée par le pouvoir d'abattre la presse indépendante», disait Mustapha Mazouzi. Pour sa part, Belaïd Abrika a rappelé à l'assistance que «les archs n'entameront pas de dialogue avec le pouvoir tant que la liberté d'expression est bafouée par ce même pouvoir». Et à Abrika de rendre hommage à la presse indépendante «qui a eu le mérite d'appeler à mettre fin à l'effusion de sang en Kabylie en avril 2001». Très populaire en Kabylie, Mohamed Benchicou prendra la parole sous une standing ovation entrecoupée de cris «Ulac smah ulac» et «pouvoir assassin». D'emblée, le directeur de publication du Matin notera «qu'en se frottant aux archs, les journalistes ont appris une autre conception du métier», tout en avouant que «le combat des archs a inspiré tous les défenseurs de l'Etat de droit». De son côté, Ali Dilem a affirmé « que les journalistes qui affrontent aujourd'hui la féroce machine du système ne sont pas aussi courageux que les gamins de Tizi Ouzou qui ont bravé les balles assassines des gendarmes». Ali Dilem sera relayé par son directeur de publication, Farid Allilat, pour qui «les journalistes ne font que leur devoir envers la société et que c'est le lecteur qui façonne le journal et le journaliste». Idir Benyounès, quant à lui, a estimé que «grâce au mouvement citoyen, la corporation s'est forgée une nouvelle approche du journalisme». Tout en s'excusant de son arrivée tardive en raison de ses éternelles démêlés avec la justice, Omar Belhouchet a rendu un vibrant hommage à la Kabylie «qui n'a jamais monnayé son soutien pour la presse et pour les causes justes», avant de s'étaler sur le bras de fer presse-pouvoir. Ses propos seront étayés par Benchicou qui jugera que «le harcèlement dont fait l'objet la presse aujourd'hui résulte de certains choix que nous avons faits. Or, en ce moment, nous payons le prix de ces choix qui nous ont été édictés par notre quête absolue de la vérité».