il accuse le Président de vouloir recourir à la planche à billets à travers sa nouvelle loi sur le crédit et la monnaie. L'ancien gouverneur de la Banque d'Algérie, Abderrahmane Hadj-Nacer, était l'invité lundi d'El-Khabar. Il a, à cette occasion, mis à nu certaines des pratiques «délictueuses» qui caractérisent le fonctionnement des institutions bancaires algériennes. Il apparaît ainsi que «l'affaire Khalifa aura coûté au pays la bagatelle de 2,5 milliards de dollars» ce qui, à son sens, «constitue le plus gros scandale jamais enregistré par notre pays depuis son indépendance. La responsabilité de la Banque d'Algérie est entière dans cette affaire», martèle-il. Preuve en est, pour ne citer que le dernier exemple en date, «qu'il était possible de sauver l'épine dorsale du groupe, sa banque, à travers diverses formules, et en ouvrant des actions aux créanciers de cette institution pour en moderniser et démocratiser la gestion». Il confirme au passage que «des instructions avaient été données dans le temps à des institutions et entreprises publiques de déposer leur argent auprès de cette banque». Selon cet homme, «les choses ont commencé à changer au départ de Belaïd Abdesselam, créant des affinités entre les milieux financiers et les décideurs». Il compare ce système à ce qui s'est passé en Russie. L'anarchie dans laquelle ont vu le jour les banques privées algériennes ont «donné naissance à une puissante oligarchie qui oeuvre à accaparer officiellement le pouvoir en Algérie». Quant à la nouvelle loi sur le crédit et la monnaie, que le président a fait passer sans recourir à l'approbation du Parlement durant l'intersession, il s'agit, à l'en croire, d'une «démarche avant tout politique, limitée dans un laps de temps précis. Il est ainsi question de dépouiller le gouverneur de ses prérogatives pour les mettre entre les mains du ministre des Finances». Or, chacun sait que Benachenhou est un des hommes les plus proches de Bouteflika. Une manière «subtile» de recourir à la planche à billets sans trop éveiller les soupçons, dans le cadre du financement de la future campagne électorale et de toutes les dépenses sociales visant à calmer les populations les plus nécessiteuses. Sur le plan de la politique économique et monétaire, et contrairement aux voyants qui se trouvent tous au vert, M. Hadj-Nacer estime au contraire que «Bouteflika et son équipe ont accentué la crise à la lumière des scandales financiers à répétition touchant les banques privées». Les enveloppes financières distribuées à tour de bras aux wilayas lors des sorties présidentielles ne sont que des cautères sur des jambes de bois et ce n'est pas de cette façon que l'investissement productif reviendra en Algérie. Il faut que les banques adoptent un fonctionnement moderne et transparent et que la confiance revienne.