«Ayred, Ennayer chez les Béni Snous. Aux origines du théâtre...», un livre-album dédié au carnaval Ayred, signé Mustapha Nedjai, vient de paraître chez Dalimen dans le cadre de la manifestation «Tlemcen, capitale de la culture islamique 2011». En découvrant la beauté des masques utilisés lors du carnaval d'Ayred, célébré chaque année par les habitants de la région de Beni-Snous de Tlemcen à l'occasion du Nouvel An amazigh, Yennayer, le plasticien Mustapha Nedjai n'a pas hésité à prendre son appareil-photo pour en faire quelques clichés. «J'ai fait ce beau livre par amour. Ce n'est qu'un regard admiratif d'un artiste pour cette fête qui m'a subjugué. Les masques utilisés sont d'une beauté esthétique et artistique extraordinaire. Ils sont vraiment impressionnants», a expliqué Nedjai à l'APS qui voit en ces masques le signe d'une «créativité incroyable». L'idée de rassembler ces photographies en recueil poursuivait l'artiste depuis l'année de leur prise en 1991 à El-Khemis, un des nombreux villages des Beni Snous, une région montagneuse de l'Ouest algérien. Ce n'est que vingt ans après, confie l'auteur de l'album, que le projet a pu se concrétiser grâce à la manifestation «Tlemcen, capitale de la culture islamique 2011». Le déroulement du carnaval pour célébrer Ayred, qui signifie «Lion» en tamazight, est ainsi retracé dans ce livre de fraîche publication, préfacé par l'universitaire Mohamed Lakhdar Maougal, à travers des photographies riches en couleurs, accompagnées de textes écrits par des chercheurs en histoire. Les masques traditionnels, confectionnés avec des peaux de mouton, notamment, et arborant différentes expressions, oeuvre de jeunes villageois, héritiers d'un art ancestral transmis de génération en génération, semblent avoir accroché le regard du photographe qui en a exécuté de gros plans. Les scènes jouées lors de la fête d'Ayred, considérées souvent par des dramaturges comme «un phénomène social dont les composantes artistiques s'apparentent au théâtre traditionnel», sont illustrées dans ce livre présenté sous forme d'album en format. Les photographies montrent de jeunes vêtus de «Hidouras» (peaux de boeuf, de mouton ou de chèvre), sillonnant les ruelles du village sous les percussions du bendir (tambour), dans une ambiance, nocturne et de jour, bon enfant. Le livre montre, encore une fois, qu'Ayred est une fête agraire qui célèbre la solidarité. Ce carnaval représente un patrimoine culturel qui révèle toute la sensibilité de l'homme et ses dons artistiques, à voir tous les masques et les costumes fixés par l'objectif du photographe. «Il s'agit là presque d'un voyage dans les temps reculés, aussi bien que dans les mythes, légendes et rites dont le présent n'a gardé que quelques bribes, souvent indéchiffrables. Ce livre n'est que le témoignage d'une survivance d'un passé lointain, aussi riche et profond de par son histoire», écrit Nedjai dans la présentation du livre. Né en 1957 à Zemmoura (Chlef), Mustapha Nedjai est un artiste polyvalent dont l'oeuvre artistique comporte peintures, dessins, gravures, sculptures, installations et photographies. Privilégiant l'acrylique, il opte aussi dans ses toiles pour des techniques mixtes oscillant entre le figuratif et l'abstrait avec parfois une touche de symbolisme expressif. Nedjai est le directeur artistique du Festival international de la bande dessinée d'Alger (Fibda), depuis sa création en 2007.