Le FLN n'a pas caché sa peur de l'urne vide La tâche de convaincre les citoyens de se rendre aux urnes revient exclusivement aux partis politiques. Le spectre de l'urne vide fait trembler réellement. Après la campagne des SMS qu'envoie le ministère de l'Intérieur aux citoyens les appelant à se rendre massivement aux urnes le jour du vote pour les prochaines législatives, les partis politiques ont tous exprimé cette crainte. Hier, c'était le FLN, parti majoritaire, qui n'a pas caché sa peur de l'urne vide. En tournée à Oran, le secrétaire général du vieux parti, Abdelaziz Belkhadem, est allé en campagne contre le spectre de l'abstentionnisme. «Les prochaines élections seront différentes des précédentes puisque nous sommes dans un contexte difficile et un environnement instable», a-t-il affirmé ajoutant que «ce qui est attendu de la prochaine assemblée est beaucoup plus grand que ce que nous avons espéré de la précédente». «Bousculez les indécis, réveillez-les, motivez-les à se rendre en force aux élections car nous avons peur de l'abstentionnisme», a-t-il enchaîné en présidant hier la rencontre nationale, organisée par sa branche estudiantine, l'Organisation nationale des étudiants algériens, l'Onea. Au sujet de ces craintes, le ministre de l'Intérieur, Daho Ould Kablia, a indiqué: «Personnellement, c'est une crainte qui m'habite», dans la mesure, a-t-il expliqué, où «compte tenu que le scrutin législatif par le passé n'a pas mobilisé grand monde». «C'est le scrutin où il y a le plus fort taux d'abstention comparativement aux élections locales où les intérêts sont plus grands et aux élections à caractère national telles que les élections présidentielles ou les référendums», a-t-il souligné. Le 19 janvier dernier, c'était la secrétaire générale du PT, Louisa Hanoune, qui n'a pas caché ses craintes quant à l'abstention des citoyens lors des prochaines élections soulignant «la nécessité de prendre rapidement des mesures sérieuses pour encourager les citoyens à se rendre aux urnes». Habituellement plus serein, le RND a cédé lui aussi à cette peur. Le parti de Ahmed Ouyahia, «craint» une abstention du corps électoral lors des prochaines échéances, a indiqué, au début de ce mois de janvier, Chihab Seddik, membre du bureau national du parti et secrétaire du bureau de wilaya d'Alger. L'abstention est «une véritable préoccupation» lors des prochaines échéances électorales et «un défi» pour la classe politique qui doit persuader les citoyens de la nécessité de se rendre aux urnes, a estimé M.Chihab, lors de la session ordinaire du bureau de wilaya du RND. Avant M.Chihab, c'était le Premier ministre qui avait exprimé les mêmes préoccupations lors d'une conférence de presse. M.Ouyahia a averti qu'une abstention ne sera profitable qu'aux islamistes. Amara Benyounès, dont le parti, l'UDR, n'est pas encore agréé, a lui aussi, appelé les Algériens à aller voter car, a-t-il estimé, «un vote massif garantirait la victoire des démocrates et des patriotes», alors qu' «un fort taux d'abstention profitera aux islamistes», a-t-il souligné lors de son passage à la radio Chaîne III il y a cinq jours. Comme l'a souligné le responsable du RND, Seddik Chihab, le devoir de mobiliser et de convaincre les citoyens à se rendre aux urnes le jour du vote est une tâche qui est du ressort exclusif des partis. C'est en effet, aux partis d'avoir du génie pour convaincre les citoyens à voter. Certes, l'intervention de l'Etat est nécessaire mais pas indispensable. Les autorités peuvent venir en appoint en mettant à la disposition des partis les moyens et les médias lourds comme la télévision. Encore faut-il que cette dernière s'y mette de manière efficace. A l'évidence, un fort taux d 'abstention ne fera que rééditer le scénario de Tunisie et du Maroc: c'est parce que le taux de participation aux élections était faible que les islamistes ont eu une majorité au niveau du Parlement. Il y a eu moins de 40% de votants en Tunisie et autant au Maroc.