La mesure semble trahir la crainte qu'éprouve le pouvoir d'essuyer un taux d'abstention trop bas. La crainte d'une abstention massive pour les prochaines élections communales prévues pour le 10 octobre prochain, fait bouger le pouvoir. A quelques mois de la date de ce scrutin, l'affichage publicitaire sur les murs a déjà commencé. Il ne semble guère aisé de convaincre les citoyens d'aller voter. La population a une très mauvaise expérience avec les actuelles Assemblées locales. Un premier test pour le Chef du gouvernement au lendemain d'un succès écrasant aux précédentes législatives quoique entachées par un taux d'abstention record. La mission de drainer les foules vers les bureaux de vote est de plus en plus difficile, d'autant qu'il est de tradition que le taux de participation aux élections locales soit plus faible que celui des scrutins nationaux. Les Algériens sont habitués à n'aller voter massivement que pour élire le Président de la République. Mais ce qui pousse le pouvoir à redouter une forte abstention, n'est autre que le bilan très négatif des élus partants. Sur les 9000 élus des communes et des wilayas, des centaines ont des démêlés avec la justice. Il n'y a qu'à faire le décompte des sit-in de protestation devant les sièges des APC pour se rendre compte de toute la colère citoyenne vis-à-vis de ses élus locaux. Ces derniers parlent de manque de moyens financiers. Les électeurs, eux, évoquent l'abus de confiance. Cinq ans de règne sur les mairies, dont certaines se sont transformées en principauté, ont poussé les citoyens à vomir cette institution censée être à plus proche d'eux. «Nos élus sont à votre service», indiquent les slogans affichés sur les murs des quartiers d'Alger. Embarras du choix ou «choix des embarras»? Les passants n'ont pas manqué de faire quelques commentaires sur la campagne jugée prématurée. «Je ne sais pas si je dois choisir un élu qui pourrait être comme celui qui nous a trahis ou tout simplement choisir de ne pas voter», déclare une vieille qui ne digère toujours pas son vote d'il y a 5 ans. Aux législatives du 30 mai dernier, plus de 53% des Algériens ne sont pas allés voter. Beaucoup ne s'étaient pas pressés aux isoloirs qui par désintérêt, qui pour utiliser l'abstention comme une sanction contre un pouvoir qui ne demande pas de comptes aux élus qui s'enrichissent durant leur mandat. Le rendez-vous des communales comporte une autre particularité. Le Chef du gouvernement a, dès l'annonce de la date du déroulement des prochaines communales, essayé de rassurer, en évoquant une sorte de code d'éthique pour les élus. Mais cela sera-t-il suffisant pour réconcilier les Algériens avec les urnes et leurs élus locaux, censés être...à leurservice?