«Les gouverneurs du Sud, à leur tête les pays arabes, ont initié des processus démocratiques de façade.» La démocratie, telle que préconisée par l'Occident en général et par les Etats-Unis en particulier, est définie par un nombre d'intérêts bien précis. Elle est même prêchée et soutenue suivant les intérêts des uns et des autres. Celle-ci est même devenue aujourd'hui, à la suite des mutations internationales, menaçante. D'autant plus qu'elle a ouvert les portes aux ingérences étrangères démantelant au passage les référents constitutifs du nationalisme. Ce sont là autant de constats qui ont été établis par Abdelkader Mahmoudi, enseignant-chercheur en sciences politiques et relations internationales à l'Université d'Alger. S'exprimant, hier, lors d'une conférence-débat animée au Centre de recherche stratégique et sécuritaire (Crss) à Ben Aknoun (Alger), placée sous le thème «la Démocratie et les mutations internationales», le conférencier a soutenu que la démocratie ne se transpose pas. «La démocratie ne se dicte pas, et ne se calque pas. Mais, elle constitue un contrat signé et scellé en toute liberté entre les gouverneurs et les gouvernés», a fait remarquer l'invité du Crss. Néanmoins, relève-t-il, les gouverneurs et dirigeants, notamment du Monde arabe, se soumettent aux lignes de conduite et aux rapports qui les lient à l'Occident (le Nord), mais pas à ceux qui les lient à leurs peuples respectifs. C'est ce qu'il appelle dans son livre un «Candidat virtuel pour une élection présidentielle: 'une Démocratie mondialisante qui est dictée par opposition à une Démocratie légitimante, émanant du peuple''.» Expliquant ces deux concepts au cours de son exposé, le chercheur a souligné que les dirigeants du Sud ont ouvert la voie à ceux du Nord, d'où nous assistons aujourd'hui à «une nordisation» et non pas à la mondialisation. Cela conduit, note-t-il, à la mise en place d'un système de gouvernance imposé par le Nord, tout en servant ses intérêts, au détriment des intérêts nationaux. C'est dire que l'on se soucie essentiellement de la légitimité que l'on gagne auprès des autres, et à quel prix? Plutôt que de la légitimité que l'on gagne auprès de son peuple! Illustrant sa thèse, il fait savoir que les gouverneurs du Sud, à leur tête les pays arabes, ont oeuvré à initier des processus démocratiques de façade, qui répondent aux orientations dictées par les puissances occidentales, tout en mettant de côté et en marge, les aspirations des peuples. Cela conduit donc, selon Abdelkader Mahmoudi, à constater deux formes de démocratie. La première, explique-t-il, est la démocratie structurelle, de façade. Celle-ci a permis, indique-t-il, de voir sur la scène nationale une foule de partis politiques, une multitude de titres de journaux privés et organismes associatifs. Pour lui, l'Algérie en est le parfait exemple, précise-t-il. Et en deuxième lieu, il y a la démocratie fonctionnelle. «La démocratie fonctionnelle insiste sur le rôle, la fonction qu´elle exerce dans la pratique. La démocratie est synonyme d´idées, de débats féconds portant sur l´intérêt suprême du pays. Elle est synonyme de multipartisme, de liberté de pensée et de liberté individuelle», développe l'enseignant-chercheur, poursuivant qu'elle représente également l´ensemble des interactions, centrées autour de paradigmes, visions et conceptions. Et d'ajouter: «La démocratie fonctionnelle renferme les valeurs qui permettent au pays progrès, prospérité et épanouissement.» Amorcer un processus démocratique fonctionnel, cela sous-entend pour le chercheur une démarche consistant à construire un processus qui serait en mesure de véhiculer des idées émanant du multipartisme. D'où la synthèse suivante: la démocratie consiste donc en la rationalisation de la vie politique (l´idée et son contraire assurent une synthèse et une plus grande participation du citoyen-contrôleur).