Face à l'anarchie qui règne dans les territoires palestiniens, le Parlement est monté au créneau exigeant le changement du gouvernement. Le président palestinien Mahmoud Abbas est confronté à une situation de chaos qui remet en cause le crédit de l'Autorité autonome palestinienne, incapable de mettre au pas les groupes armés. C'est essentiellement celle-là la problématique palestinienne : où se trouve le pouvoir, qui dirige des territoires livrés aux surenchères de groupes armés devenus incontrôlables, devenus, paradoxalement, une entrave pour l'édification de l'Etat palestinien, au lieu d'être les indispensables appoints des autorités palestiniennes dans leurs négociations avec Israël. C'est cette capacité à gérer les hommes qui aura le plus fait défaut à Abou Mazen se trouvant maintenant au pied du mur et contraint, d'une manière ou d'une autre, d'agir pour ramener l'ordre dans les territoires palestiniens pour redonner pouvoir et primauté à l'embryon d'Etat qu'est l'Autorité palestinienne. C'est le Parlement palestinien qui, face au gâchis, à fini par tirer la sonnette d'alarme sommant de fait le président Abbas à revoir la composition du Cabinet du Premier ministre Ahmed Qorei. Sans pour autant exiger le limogeage de ce dernier, le Parlement demande en revanche à M.Abbas d'agir pour mettre un terme à l'anarchie qui discrédite le combat palestinien pour l'indépendance et l'érection d'un Etat palestinien souverain. Lors de sa réunion de lundi, le Conseil législatif palestinien (CLP, Parlement) a voté à la majorité (43 voix pour, 5 contre et cinq abstentions) une motion de défiance contre le Cabinet Qorei, les députés demandant au président Abbas de changer la composante du gouvernement. Contraignante, la motion enjoint à M.Abbas à mettre en place «dans un délai de deux semaines un nouveau gouvernement transitoire jusqu'aux élections législatives» prévues le 25 janvier, a indiqué le président du Parlement Rawhi Fattouh. Hassan Khreisheh, responsable de la commission formée par le CLP pour enquêter sur l'anarchie sécuritaire, a mis en cause le ministre de l'Intérieur Nasser Youssef qui, selon le rapport lu devant les députés, a «échoué dans sa mission». Aussi, le rapport recommande-t-il le «vote d'une motion de censure contre le gouvernement» et le «limogeage de tous les chefs incompétents des services de sécurité et de leurs adjoints». Finalement plutôt que de voter une motion de censure les députés ont appelé -à la majorité des députés présents- à la mise en place d'un nouveau gouvernement sans exiger la tête d'Ahmed Qorei, laissant au président Abbas le choix de se séparer ou non de son Premier ministre, mettant ainsi Abou Mazen au pied du mur. En réalité les territoires palestiniens sont devenus ingérables et les groupes armés, notamment le mouvement Hamas, y font quasiment la loi, exacerbant le chaos. Aussi, il était grand temps d'y mettre bon ordre si les Palestiniens veulent continuer à être crédibles dans leurs actions. Le gouvernement Qorei a été formé en février 2005, quelques semaines après l'élection de Mahmoud Abbas à la tête de l'Autorité palestinienne en remplacement du défunt président Yasser Arafat décédé le 11 novembre 2004 à Ramallah. Dès son élection à la présidence de l'Autorité palestinienne, M.Abbas a fait du rétablissement de l'ordre et de la sécurité ses objectifs prioritaires ne réussissant pas toutefois à mettre un terme à l'anarchie ambiante. Ainsi, dimanche à Ghaza, des heurts sanglants ont opposé des éléments des forces de l'ordre à des hommes armés du Hamas faisant trois morts, deux civils et un policier. Excédés autant par leur impuissance à faire face à la situation sécuritaire que par l'immobilisme des autorités palestiniennes devant les dépassements des groupes armés, les policiers palestiniens (en civil et en tenue) ont fait irruption lundi au siège du CLP dénonçant le manque d'action du gouvernement et l'anarchie qui s'installe dans les territoires palestiniens. D'autre par, la commission d'enquête publique sur l'explosion qui a coûté la vie à 20 personnes, dont des enfants, et faisant 87 blessés, au camp de réfugiés de Jabaliya (le 23 septembre lors d'une parade de Hamas), a imputé au mouvement islamiste radical Hamas la responsabilité du carnage. Le procureur général de l'Autorité palestinienne, Ahmed Al-Moughani, a ainsi indiqué lors d'une conférence de presse à Ghaza: «Nous sommes parvenus à la conclusion qu'il s'agit d'une explosion interne.» M.Al-Moughani, a déclaré que Hamas -qui soutient que l'explosion a été provoquée par un raid israélien- «n'a pas coopéré à l'enquête». Dans l'intervalle, Israël continue la chasse aux activistes palestiniens par de nouvelles arrestations portant à quelque 480 le nombre de Palestiniens arrêtés ces derniers jours, dont 200 ont été placés en détention administrative indique une source militaire israélienne.