Mal élus, avec un taux d'abstention record, les néo-députés doivent se réapproprier au moins une part du pouvoir législatif pour redorer le blason d'une institution considérée comme une caisse de résonance. C'est aujourd'hui que l'Assemblée populaire nationale (APN) tiendra sa première séance au titre de la 6e législature. Cette session, qui se déroulera conformément aux dispositions de l'article 113 de la Constitution qui stipule que “la législature débute de plein droit le 10e jour suivant la date de l'élection de l'APN”, a été retardée, pour rappel, de quatre jours. Initialement prévue pour le 27 mai dernier, l'installation de la nouvelle Assemblée nationale a été différée pour aujourd'hui pour des raisons qui restent à ce jour inexpliquées. Ce retard pris dans l'investiture de la Chambre basse du Parlement a été rendu possible, grâce à une “interprétation” de l'article 113 de la Constitution. Ceci étant, à l'ordre du jour de la séance d'aujourd'hui figurent l'appel nominatif des députés suivant la communication qui en a été faite par le Conseil constitutionnel et l'installation de la commission de validation des mandats constituée de 20 membres choisis proportionnellement à leur représentation. Ceci pour le côté technique et réglementaire. Du point de vue politique, il est pour le moins important de s'interroger sur le comportement qu'adoptera la nouvelle APN par rapport au travail législatif durant son mandat. En ce sens, si la nouvelle Assemblée nationale est à même de se réapproprier le pouvoir législatif en faisant des propositions de lois et en interpellant le gouvernement sur les véritables préoccupations populaires, ou si elle se contente de recevoir les avant-projets de loi émanant de l'Exécutif. Si à ce propos, l'on ne s'attend pas à un comportement spectaculaire de la part des parlementaires des partis de l'alliance présidentielle (RND, FLN et MSP) qui ne pourront pas contrarier et gêner le gouvernement dont leurs formations sont partie prenante, la contradiction pourrait venir des formations de l'opposition. Le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), qui intègre le Parlement cette fois-ci après son boycott aux législatives de 2002 en raison des évènements sanglants qui ont endeuillé la Kabylie, pourra être la voix discordante qui apportera la contradiction. À plus forte raison qu'il compte en son sein des députés membres de différentes corporations et des syndicalistes à l'image de Tahar Besbès, élu sur la liste d'Alger, président du Comité national pour les libertés syndicales (CNLS) regroupant une multitude de syndicats autonomes à l'image du Snapap, Satef, CLA, Cnapest et du SNPSP. Election du président de l'APN, cet après-midi Le nouveau président de l'Assemblée nationale sera connu dans l'après-midi d'aujourd'hui. Une fois donc l'opération de validation des mandats terminée, les députés seront appelés à l'élection du président de l'APN. Une commission de candidatures sera installée pour recueillir les députés postulant au perchoir du troisième homme de l'Etat. Jusqu'à hier, il était impossible de savoir s'il y avait des candidats autres que Abdelaziz Ziari, député FLN d'Alger, à ce poste. S'il n'y a qu'une candidature unique à la succession de Amar Saïdani, l'opération électorale aura lieu à main levée et non pas à bulletins secrets. Quoi qu'il en soit, et quel que soit le nombre de candidatures à la présidence de l'APN, Abdelaziz Ziari sera à coup sûr élu à sa tête. Candidat du président de la République et de l'alliance présidentielle, l'actuel ministre chargé des relations avec le Parlement bénéficiera au moins des voix des députés RND (61), MSP (52), FLN (136) et de certains indépendants qui ont décidé de rallier le parti de Belkhadem. Les formations de l'opposition pourront également approuver la candidature de Ziari compte tenu de son profil. Statistiquement parlant, il bénéficiera au moins de 249 voix sur les 389 représentées au Parlement, ce qui fera de son élection à la tête de la troisième institution de l'Etat une simple formalité. NADIA MELLAL