Les salafistes multiplient leurs activités en utilisant les lieux de culte les plus fréquentés. L'un des imams de la mosquée Emir Abdel Kader de Constantine risque de faire encore une fois l'objet d'une plainte, après le prêche de vendredi dernier. Selon de nombreux fidèles des accoutumés à cette mosquée, l'imam semble avoir trouvé l'endroit idéal pour faire de la politique, mais le pire est que celle-ci est carrément une incitation à la violence. Les fidèles témoignent qu'en abordant ce qu'il a appelé le Printemps arabe, cet imam a laissé entendre, tout en félicitant les rebelles en Libye et Syrie, sans citer le Bahreïn et l'Arabie Saoudite, ni le Qatar dont la population est en effervescence, que le citoyen algérien n'est pas pris en considération dans son pays et il prétend que les responsables et dirigeants du pays manquent à leur devoir par rapport au citoyen qui, selon lui, refuse d'entendre et de recevoir. Après une longue absence cet imam revient pour inciter directement la population à se révolter et ne pas se laisser faire. Pis encore, il a tenté dans son prêche de soulever les sunnites contre les chiites, sachant qu'en Algérie le nombre de chiite est très insignifiant, lesquels n'ont d'ailleurs jamais eu aucun problème. Ce n'est pas la première fois que cet imam, prononce ce genre de discours oubliant son rôle initial. Selon les fidèles, la mosquée El Amir est utilisée à des fins politiques, qu'ils refusent. Certains d'entre eux ont d'ailleurs décidé de ne plus y revenir, mais qu'il était important de saisir la presse, aussi bien arabophone que francophone. Depuis l'arrivée au pouvoir du CNT (en compagnie des islamistes), en Libye grâce à l'Otan, en Tunisie, au Maroc et en Egypte, la tendance salafiste multiplie ses activités en utilisant le lieu de culte le plus fréquenté, comme point de départ et de lancement de leur projet que beaucoup de sages et observateurs qualifient de subversif, du fait qu'on appelle sans réserve à une révolte. Jusqu'à présent la tactique n'a eu aucun impact sur les citoyens qui, au contraire, décident d'intervenir. La volonté d'un retour à l'atmosphère des années 1990 a été fortement perceptible par la population, chez certains nostalgiques du FIS dissous. Il y a d'autres inquiétudes surtout depuis le départ de Bouguerra Soltani au Qatar et en Turquie après avoir définitivement rompu avec l'Alliance présidentielle. C'est dire que la population est plus lucide que durant les dernières décennies, plus consciente du contexte politique. Les révoltes survenues dans le Monde arabe, n'ont fait que nourrir une certaine culture politique acquise dans la douleur certes, mais qui, aujourd'hui, leur a permis d'éviter un retour à la confusion et dénoncer l'usage de la religion comme moyen pour arriver au pouvoir. C'est en tout cas ce que nous avons constaté chez les fidèles. A Alger, le contexte n'est pas très différent, comme d'ailleurs, à Tébessa, El Oued, Skikda et dans plusieurs régions du pays. Le langage employé à l'égard de ce genre d'imam par le ministre des Affaires religieuses, qui ne cesse de mettre en garde contre les dérapages, reste insuffisant. En effet, certains ne renoncent pas à vouloir instaurer l'instabilité, en employant le même langage qu'Ali Belhadj et Abassi Madani, durant les années 1990. Le moment est propice pour eux, les élections législatives approchent et c'est le moment de semer le doute et de prononcer des discours hypocrites pour berner le citoyen juste pour occuper un poste important, quand bien même ils ne l'auraient pas mérité.