Seule, elle se retrouve dans un hall d'immeuble. L'ascenseur se bloque à ce moment, puis surgit de nulle part un jeune homme au visage angélique qui la placarde contre le mur, lui faisant comprendre rapidement ses intentions. Il croit qu'il va pouvoir la violer, c'était sans compter la puissance du désenchantement social qui le rattrapera sans crier gare. Elle, c'est Myassa, lui c'est la virilité à fleur de peau, celle qui se fait castrer par une Algérie qui pullule de contradictions. Plus de bandaison, de jouissance, de jours illuminés, d'espoir. Que de colère dans les images que nous offre Sofia Djama, jeune réalisatrice qui écrit son film comme la massue qui vient aplatir tous ceux qui refuseront ce constat. Que peut faire le spectateur qui daigne vouloir exister devant le cinéma ? Dans Mollement, un samedi matin*, il est incapable d'ouvrir lui-même la porte réflective, la réalisatrice s'en chargeant personnellement. Tout cette colère déréalise progressivement ses intentions que le spectateur peine à se réapproprier. Film à charge, dialogues qui lorgnent vers le discours social (voire politique), personnages secondaires inexistants et images charnues, tout cela contribuant au manichéisme redouté. Le cinéma nous aide à exister, à participer à notre processus créatif, il ne peut aucunement se permettre de nous jeter dans un hors champ narratif. Qu'on adhère au sujet, c'est une position aussi logique que refuser toute forme d'intolérance, qu'on soit cloisonné dans une bulle où la pensée serait bannie, c'est nous violenter pour finalement nous juger. Sofia Djama a certes un point de vue intéressant, mais il est trop souvent traversé par un filtre qui rejette l'idéal qu'on se fait du cinéma : le dialogue entre le réalisateur et le spectateur !