En fonction depuis sept semaines, le président tunisien entame un périple de six jours au Maroc, pays où il se recueillera sur la tombe de son père mort en exil, avant de se rendre en Mauritanie, puis en Algérie. Le président tunisien, Moncef Marzouki, entame aujourd'hui sa première tournée régionale pour tenter de remettre sur les rails le processus d'Union du Maghreb bloqué depuis plusieurs années. En fonction depuis sept semaines, M.Marzouki entame un périple de six jours au Maroc, pays où il se recueillera sur la tombe de son père mort en exil, avant de se rendre en Mauritanie, puis en Algérie. «Cette tournée vise à réanimer l'Union du Maghreb arabe (UMA: Algérie, Libye, Maroc, Mauritanie et Tunisie) à travers la tenue d'un sommet que la Tunisie se propose d'accueillir», a indiqué son porte-parole Adane Moncer. Une rencontre des chefs d'Etat permettrait «un retour en force» de l'UMA, a ajouté M.Moncer, précisant que M.Marzouki avait discuté du sujet avec le Premier ministre algérien Ahmed Ouyahia en marge du sommet de l'Union africaine fin janvier à Addis-Abeba. Ancien opposant à Ben Ali et défenseur des droits de l'Homme, M.Marzouki plaide pour un «Maghreb des libertés» dont les ressortissants auront le droit de circuler, résider, investir ou devenir propriétaire». «L'année 2012 sera l'année du Maghreb», s'enthousiasme-t-il, invitant les Maghrébins «à rêver» d'un espace ouvert, sur le modèle de l'Union européenne. Créé en février 1989, l'UMA est en panne depuis 1994, date de son dernier sommet. Le dirigeant libyen Mouamar El Gueddafi qui présidait alors cette union avait fait capoter un sommet prévu en mai 2005 pour relancer l'intégration régionale. Mais le principal obstacle de l'Union reste le Sahara Occidental, ex-colonie espagnole occupée depuis 1975 par le Maroc, alors que l'Algérie défend le principe du droit des peuples à l'autodétermination tel que prévu par les résolutions des Nations unies sur les dernières colonies. L'ONU, qui a en charge la décolonisation de cette colonie espagnole, mène des négociations pour trouver une solution internationale. «Faire du règlement de la question du Sahara occidental un préalable est devenu anachronique», a dit le porte-parole du président tunisien, soulignant la nécessité aux yeux de M.Marzouki de contourner la question pour «créer un nouveau Maghreb» dans le nouveau contexte politique dans la région. Les institutions internationales et les partenaires occidentaux des Etats maghrébins pointent souvent le déficit de croissance dû à l'absence d'intégration régionale et ses conséquences, le chômage et la précarité, qui poussent des milliers de jeunes Maghrébins à l'immigration clandestine. L'insécurité, la contrebande, le trafic d'armes et «la lutte contre l'extrémisme» - un phénomène qui ressurgit à la faveur des amnisties et libertés post-révolution - seront par ailleurs au menu des discussions de M.Marzouki dans les capitales maghrébines. «La réactivation de l'UMA devrait permettre la mise en route d'une politique sécuritaire commune entre les pays qui la composent», selon son porte-parole. Depuis la chute de Ben Ali, le 14 janvier 2011, la Tunisie est confrontée à l'insécurité sur ses frontières. Les incidents se sont multipliés à la suite du conflit armé en Libye - premier partenaire économique de la Tunisie au Maghreb -, alors que les postes-frontières sont souvent fermés à cause de l'insécurité et le trafic d'armes. M.Marzouki avait d'ailleurs consacré à la Libye sa première visite à l'étranger, début janvier. Des accrochages sanglants ont eu lieu début février dans le sud-est tunisien avec un groupe armé qui transportait des armes en provenance de Libye, selon des sources militaires. En septembre dernier, un accrochage meurtrier s'était produit à la frontière tuniso-algérienne et en mai 2011, un colonel et un soldat de l'armée avaient été tués dans le nord ouest dans des échanges de tirs avec des hommes «fortement suspectés d'appartenir à Al Qaîda».