LA bonbonne de gaz s'est vendue à 1000 DA alors que le pain était introuvable et les légumes inaccessibles. Une pénurie de pain est enregistrée dans plusieurs wilayas. «Où est l'Etat, où est l'Etat?» Voilà un cri de détresse émanant d'un citoyen contrarié par les prix vertigineux qu'ont atteint certains produits de première nécessité ces jours de neige. La vague de neige et de froid qui s'abat sur le nord et l'est du pays est l'occasion de toutes les folies...humaines. Ces mêmes folies qui, pour des prétextes fallacieux, font grimper les prix d'une denrée de large consommation à des seuils inacceptables. Les Algériens qui ont fait le marché l'ont certainement constaté avec regret. Quand ce n'est pas carrément la pénurie, c'est une flambée vertigineuse des prix de ces produits. La pomme de terre est passée du jour au lendemain à 80 dinars le kilo alors qu'elle était vendue à 40 dinars la veille de la tempête. L'oignon a atteint 70 dinars, contre 30 à 35 dinars la veille des intempéries. La tomate verte se vend à 120 dinars, les carottes à 80 DA, la courgette à 140 DA. Les Algériens doivent prendre leur mal en patience. A côté des gens engagés dans des actions de solidarité pour venir en aide aux populations coincées entre le froid et la faim, d'autres profitent de cette situation pour abuser de la détresse des gens. C'est vraiment dramatique. Ce que la nature a épargné est emporté par la cupidité humaine, par la bêtise humaine. On dit, sous les effets des changements des réglementations, que les règles disparaissent, la conduite reste. Chez nous, et les règles et la conduite ont disparu. Les effets négatifs des intempéries qui ont causé l'isolement de plusieurs zones déshéritées ne se limitent pas à l'augmentation des prix des produits. A cause des coupures d'électricité, des dizaines de boulangeries ont cessé leur activité. Les routes étant fermées, empêchant l'acheminement des denrées, une pénurie de pain s'est installée dans plusieurs villes et villages du pays. La détresse des Algériens a été accentuée par la pénurie du gaz. Les villages non raccordés au gaz naturel souffrent le martyre en ces temps de grand froid et de neige dont l'épaisseur dépasse à certains endroits les 2 mètres. Là aussi, les criminels ont sévi. Des bouteilles de gaz butane se vendent à 300 dinars alors qu'en temps normal elles coûtent 250 DA. Plus grave encore, des ventes de bouteilles à 1 000 DA ont été signalées. Pénalisés, plusieurs villageois dans différentes wilayas ont protesté pour réclamer le gaz de ville. Ils promettent de mener la vie dure aux autorités une fois les choses rétablies. Ils dénoncent l'injustice et ne comprennent pas cette disparité: une richesse nationale puisse profiter uniquement à certains. Dans les prochains jours, le souci de plusieurs villages est de forcer le destin et le gouvernement à les raccorder au gaz de ville. L'expérience de ces derniers jours où des villageois profitent du gaz naturel et d'autres ne savent pas de quel bois se chauffer, les a révoltés. Durant ces journées d'enfer, les efforts de Naftal n'ont pas été fructueux. Son P-DG, Saïd Akretche, a déclaré avant-hier à l'APS, que l'entreprise a renforcé ces derniers jours ses moyens pour répondre à la forte demande des citoyens en gaz butane suite aux dernières intempéries. «Nous avons renforcé nos installations et multiplié nos équipes pour travailler à plein régime (24/24 heures) pour la prise en charge des besoins des citoyens notamment en matière de gaz butane», a-t-il affirmé. M.Akretche a précisé que les capacités de production de Naftal sont passées d'une moyenne de 450.000 bouteilles de gaz par jour à 650.000 bouteilles/jour, alors que l'ensemble des 42 centres enfûteurs exploités par cette société sont ouverts à la vente aux particuliers. «Même les citoyens qui ne disposent pas de bonbonnes de consigne peuvent s'approvisionner», a-t-il assuré. Ça c'est la déclaration officielle. Sur le terrain, la situation est déplorable.